Témoignage
Barbara Covi
Septembre 2005
Je suis restée avec un acte de défaut de biens de trois cent mille francs sur le dos… Ça veut dire que je ne peux même pas louer un appartement à mon nom, rien. Je dois tout faire avec un garant. Je me suis donc retrouvée avec deux enfants à charge, j’ai dû trouver un travail, où j’étais occupée à cent pourcent pour peu de sous, j’ai dû placer deux enfants, la petite avait trois ans et Matthias cinq, m’acheter une voiture parce que je devais aller travailler en ville et on vivait à la campagne…
Enfin, tout ça a duré six ans, on a eu cette vie jusqu’à ce que je tombe malade. J’ai perdu la santé et le travail… Ça a été très dur, parce que quand on a quarante ans, quand on tombe malade, quand on est divorcée, quand on a deux enfants, et puis qu’on est une femme, ça fait un peu beaucoup! Ce n’est pas évident. Et s’adresser à l’assistance sociale, c’est toujours la dernière démarche qu’on fait : on essaie de trouver des arrangements. Personnellement, il faut aussi l’accepter: c’est une drôle de situation, c’est une étape dans la vie que de prendre conscience qu’on en est arrivé là. Je suis en arrêt maladie, j’ai quarante-trois ans, je suis une italienne avec le permis C, dépressive, deux enfants! Je reste au social jusqu’à soixante-sept ans? Non, je ne peux pas, je ne veux pas…
«Quand on a quarante ans, quand on tombe malade, quand on est divorcée, quand on a deux enfants, et puis qu’on est une femme, ça fait un peu beaucoup!»
Avril 2012
Aujourd’hui, je suis monitrice pour enfants. Je travaille à mi-temps dans un Accueil pour enfants en milieu scolaire (APEMS), à Bellevaux, dans mon quartier. J’ai suivi une formation de maman de jour; enfin, je fais ce que j’aime. Je suis tellement contente de cette réorientation! Moi et les enfants, c’est une longue histoire, et pouvoir concilier travail et passion, c’est une vraie chance. Mais j’ai dû me battre pour ça, pour y arriver. Il n'est pas évident, après une séparation, une désillusion, de parvenir à croire en soi et de vouloir encore se battre pour ses propres valeurs. A présent, il est vrai que je suis plus sereine, même si je devrais idéalement entreprendre une formation de monitrice; elle m’apporterait un diplôme reconnu, une garantie pour l’avenir. On verra… ce n’est pas forcément facile, de reprendre les études…
«A présent, il est vrai que je suis plus sereine.»
Récemment, j’ai cru pouvoir bénéficier des prestations complémentaires pour les familles; malheureusement, je ne rentrais pas dans les conditions d’accès. C’est dommage. Je crois que je donne ma part à la société, je travaille avec des enfants, participe à leur éducation, à leur socialisation, je continue aussi à élever ma fille maintenant que mon fils suit son propre chemin, mais je suis toujours contrainte d’avoir recours aux services sociaux. En fait, je ne perçois quasiment aucune aide financière, je suis à la limite des revenus admissibles.
Mais ce petit rien est fondamental pour moi; sans cette aide, il me serait impossible de payer les primes d’assurance-maladie, les participations aux frais médicaux, etc. Il est vrai que le service social de Lausanne a passablement changé ces dernières années, notamment pour les personnes qui sont dans ma situation: je fais du mieux que je peux, et j’ai l’impression maintenant que l’on me comprend. Mais selon moi, les familles monoparentales ne sont pas encore soutenues comme elles devraient l’être.
Ce sont 160'000 personnes en Suisses qui élèvent seules des enfants, et un quart de ces familles monoparentales sont pauvres, ou vivent une certaine forme de précarité. Est-ce que ma place est vraiment au social? Travailler tout en s’occupant de la maison et en éduquant des enfants, à mon sens, c’est une vraie mission sociale! Qui n’est pas assez reconnue.
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