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Les Bibliothèques, 90 ans et plus vivantes que jamais

De la salle de lecture «Jean-Jacques Mercier» inaugurée en 1934, à la bibliothèque troisième lieu, en 90 ans d’activité, les missions des Bibliothèques de la Ville ont profondément évolué. Mélanie Kohler, en charge de l'accueil des publics et Marylène Chevallay, chargée de médiation, en témoignent.

Les bibliothèques, un lieu de vie

Dans les années 1980, le sociologue urbain américain Ray Oldenburg développe le concept de tiers-lieu. Un espace public neutre, inclusif, accessible et convivial. Un lieu nivelant les inégalités sociales, valorisant les fonctionnements participatifs et favorisant les relations humaines. Au tournant des années 2000, le concept s’étend progressivement aux bibliothèques. Amandine Jaquet, bibliothécaire et spécialiste du sujet écrit en 2017: «La bibliothèque troisième lieu est un projet résolument politique, avec une ambition citoyenne forte, celle de redonner de la vigueur au lien social, de recréer une vie collective, de ré-enchanter la vision du monde et des autres, de donner accès à une culture enthousiasmante, vivante, excitante.»

Si Mélanie Kohler, adjointe responsable du service au public et Marylène Chevallay, chargée de médiation culturelle pour les Bibliothèques de la Ville de Lausanne adhèrent à cette vision et s’y activent très concrètement, à l’appellation bibliothèque «troisième lieu», elles préfèrent celle de bibliothèque «lieu de vie»: «Le troisième lieu implique qu’un deuxième lieu existe, celui du travail, tout comme un premier, rattaché au foyer, selon la définition d’Oldenburg. Or, pour une petite frange du public des Bibliothèques de la Ville, et celle de Chauderon en particulier, il n’y a souvent ni deuxième, ni parfois même de premier lieu», précise Marylène Chevallay.  «Et ce public-là n’utilise pas forcément nos collections. Son premier besoin est de pouvoir bénéficier d’un espace où passer la journée, en sécurité. Notre but est que les personnes qui composent ce public soient toujours bien accueillies, sans jugement», ajoute Mélanie Kohler. Dans ce sens, une collection d’objets est d’ailleurs disponible au guichet de Chauderon: chargeurs de téléphone, casques, petites lampes, loupes, stylos, crayons et bientôt casques anti bruits. À ce service s’ajoute l’accès à Internet, deux heures par jour, via les postes à disposition, contribuant ainsi à réduire la fracture numérique, encore importante parmi les populations vulnérables.

Mais cette vocation sociale n’a pas toujours été de mise. En date du 11 juillet 1932, dans le PV d’une séance de la commission consultative [AVL, fonds de la Bibliothèque municipale, adm-c19-2 (boîte 9065)], qui étudie la création de la toute première bibliothèque municipale au sujet de son futur emplacement, on peut lire: «Il faut renoncer à lier la bibliothèque publique et la salle de lecture pour chômeurs. Cette dernière ne reçoit que des individus qui n’ont aucun respect du livre et que toute bibliothèque doit plutôt chercher à éliminer.» Les temps, comme les missions changent.

Des livres, mais pas que...

Aujourd’hui, le livre ne représente plus l’unique service offert par les bibliothèques. La médiation y occupe désormais une place essentielle. À la faveur d’un changement de direction et de l’air du temps, c’est dans les années 2010 que les lignes commencent à bouger au sein des Bibliothèques de la Ville de Lausanne. Avant cela, et de très longue date, les activités annexes au prêt restaient très liées au livre et à une forme de culture légitime. Les après-midis consacrés au conte, tout comme les concours destinés au jeune public, remontent même à 1945. C’est avec l’arrivée de Marylène Chevallay en 2018 que la médiation a continué à se diverifier et à s'enrichir de cette approche du tiers-lieu. «On part des publics et de leurs attentes. On sonde l’air du temps et on saisit au vol les thèmes qui préoccupent: les écrans, l’obsolescence programmée, le recyclage, l’éco-anxiété, l’IA. Et on répond aux besoins observés par l’accueil en proposant par exemple le Café numérique sénior et le Café causette, ce dernier permettant aux allophones de converser en français. Nous créons de l’échange, du débat, de l’intégration. À travers la médiation, nous mettons aussi en valeur nos collections, comme le jeu vidéo qui a intégré les Bibliothèques de la Ville au début de l’année 2024.»

Dans un dialogue serré avec l’accueil, les collections, les partenaires institutionnels, de nombreux services de la Ville, et surtout avec toutes les autres succursales, en veillant toujours à tenir compte de leur réalité et de la spécificité de leur agencement et de leurs publics, les Bibliothèques se veulent réactives, attentives aux besoins des usagères et usagers, ouvertes sur le monde et ses préoccupations.

Des célébrations pour un lieu plus vivant que jamais

Le thème fédérateur de la nouvelle saison culturelle des Bibliothèques de la Ville de Lausanne sera évidemment orienté sur les célébrations de ses 90 printemps. De la musique, des événements hors les murs, de l’histoire locale, des collaborations avec des artistes, du théâtre interactif et beaucoup de surprises. En phase avec leur temps, les bibliothèques publiques lausannoises sentent toujours bon le livre, mais ne laissent pas la poussière s’accumuler sur leurs tranches!

Muriel Jost

Coordonnées

Les Bibliothèques de la Ville de Lausanne
Service des bibliothèques et archives

Place Chauderon 11
1003 Lausanne

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