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Les concours à la bibliothèque: une tradition vivace

Depuis son ouverture, la section jeunesse de la Bibliothèque municipale propose des concours à ses jeunes lectrices et lecteurs. Même si leur forme a évolué, le fonds reste: même aujourd'hui, ils continuent à créer du lien entre l'institution et son public.

Raideur et austérité de ton

«1ère question: Établissez une liste de cinq livres que vous aimez particulièrement. Parmi ces 5 livres, choisissez celui que vous préférez, faites-en un bref résumé (10 lignes au plus) et dites pourquoi vous l’aimez. 2ème question: Quels sont les auteurs et les cotes des livres suivants: a) «Ambassadeur des bêtes»; b) «Maria Chapdelaine»; c) «La Marmotte au collier»; d) «Seul»; e) «Voici les roses». 3ème question: Indiquez les livres que la bibliothèque (section jeunesse) possède dans lesquels on pourrait trouver des renseignements sur: a) Le pingouin; b) Pompéi. 4ème question: Sous quelles cotes faut-il chercher: a) Le Major Davel; b) Les arbres.» (1)

Cette donnée, dactylographiée, figure en quatre points distincts sur un petit panneau cartonné, datée du 3 janvier 1946. Un tout premier concours presque aussi vieux que la section jeunesse de la Bibliothèque municipale de Lausanne, qui ouvrait ses portes en octobre 1945. En substance, d’après le rapport de jury de 1949, la mission est alors limpide: «Si la bibliothèque organise des concours pour les jeunes lecteurs, c’est dans le but évident de les développer, de les encourager à la recherche intelligente, de les engager à utiliser les livres de la section jeunesse et à les mieux connaître.» (2)

Une intention claire pour un succès en demi-teinte, puisque ce tout premier appel ne suscite pas un enthousiasme fou. Le jury, composé d’Anne-Marie Redard, bibliothécaire de la section jeunesse, d’Elisabeth Rochat, cheffe de la Bibliothèque municipale de Lausanne, ainsi que d’une ancienne professeure de l’École de commerce, ne juge en effet qu’une poignée de travaux.

La raideur zélée et l’austérité du ton des évaluateurs – pour ce concours comme pour d’autres de l’époque - interpellent. Florilège: «Le résumé de son livre laisse à désirer.» «Il ne paraît pas mériter le prix.» «Sans la trouvaille de l’œuf, Pernette, vu son âge, n’eut pas été en si bon rang!» «Compte tenu de l’âge, le résumé est médiocre.» «Ses 14 ½ ans devraient lui donner plus de logique.» «Rédaction et orthographe atroces.» (3)

Cela dit, et avec les félicitations du jury, les travaux les mieux notés étaient la plupart du temps récompensés. La plupart du temps... Une nuance capitale que ne contredit pas cette délibération de 1950: «Le jury a dû constater qu’aucun des projets ne méritait un premier prix, ceux-ci présentant tous des défauts regrettables à côté d’idées louables». (4) Ni celle-ci, daté de 1957: « Compte tenu des erreurs comme des bons côtés des deux travaux présentés, le jury, regrettant que leur qualité ne lui permette pas d’attribuer de premier prix, a décidé de décerner à chacun des concurrents un troisième prix ex aequo». (5)

Deux à trois rendez-vous par année

Jusqu’à la fin des années 1950, les concours sont bien documentés dans le fonds d’archives de la Bibliothèque municipale de Lausanne. Après, plus rien. Si une statistique de leur fréquence et de leur tendance n’est donc pas possible, il ressort cependant que, de 1946 à 1960, la section jeunesse propose en moyenne entre deux et trois concours par année. À Pâques, parfois à Noël, mais aussi à d’autres occasions, comme le 150e anniversaire de la révolution vaudoise en 1948, la commémoration des 50 ans de la disparition de Jules Vernes en 1955, ou encore les 25 ans de la Bibliothèque municipale, en 1959. Les concours ont alors une visée principalement pratique et instructive, mais parfois aussi carrément utilitaire. Lorsqu’un nouveau registre est sur le point d’être entamé, comme par exemple en 1946, un appel est lancé pour que la première page soit décorée par les enfants.

Avec le temps, un autre type de concours, plus créatif et littéraire, émerge également. Moins scolaire et - osons le dire - peut-être moins barbant, il suscite en général plus d’enthousiasme. Le service de médiation des Bibliothèques de la Ville ne s’y trompe d’ailleurs pas. En épluchant les concours de ces dernières années, ce sont principalement des exercices d’écriture ou de dessins qui sont proposés. Mais créatif ne veut pas forcément dire moins exigeant. On peut observer que, tout comme par le passé, les concours n’enflamment en général pas des centaines de participantes et de participants. Par manque de confiance ou peut-être par crainte de l’effort à fournir? À la faveur de circonstances particulières, ou selon la popularité de la thématique engagée, la donne peut cependant changer: le Service des bibliothèques & archives se souvient encore de la montagne d’enquêtes de Maëlys qui ont atterri sur son bureau au sortir de la pandémie en 2022 (plus de 1'000 textes!).

© AVL, ADM-C19-9061
Représentation de la troupe de théâtre de la section jeunesse de la Bibliothèque municipale à Mon-Repos, 1960. La bibliothécaire Anne-Marie Redard est au milieu du dernier rang.

Un concours et du théâtre

De 1946 à ce jour, la participation à un concours peut faire gagner un bon pour un livre, une BD, un goûter festif ou la décoration d’une vitrine de la bibliothèque, mais pas seulement. Un concours peut laisser une marque indélébile dans les cœurs et les mémoires: en 1959, à l’occasion des 25 ans de la Bibliothèque municipale, les enfants sont invités à explorer par un récit ou tout autre moyen un sujet en lien avec le livre et la lecture. Le second prix touche particulièrement le jury: Gaston, alias Bertrand Lasserre, un collégien de 14 ans, malade et alité, écrit une saynète qu’il intitule «L’imprimerie». L’originalité et la qualité du texte séduisent, au point qu’Anne-Marie Redard constitue une petite troupe de théâtre parmi les enfants de la section jeunesse et met en scène le texte à l’occasion de la cérémonie officielle s’offrant, au passage, l’épisode le plus mémorable de sa carrière!

Un concours, particulièrement à la bibliothèque, ne se réduit jamais qu’à un concours. Il est toujours l’expression d’un lien - qu’il soit pédagogique, créatif ou affectif - entre l’institution et ses usagères et usagers.

Sources

  • (1) Concours d'hiver de 1946. Archives de la Ville de Lausanne, fonds de la Bibliothèque municipale, Animations et expositions 1946-2009, Bibliothèque Municipale - Concours 1946-1959, Concours 1946, adm-c19-8-1 (boîte 9086 C);
  • (2) Rapport du jury sur le concours de Pâques de 1949. Archives de la Ville de Lausanne, fonds de la Bibliothèque municipale, Animations et expositions 1946-2009, Bibliothèque Municipale - Concours 1946-1959, Concours 1949-1950, adm-c19-8-1 (boîte 9086 C);
  • (3) Rapports de jury sur divers concours entre 1946 et 1959. Archives de la Ville de Lausanne, fonds de la Bibliothèque municipale, Animations et expositions 1946-2009, Bibliothèque Municipale - Concours 1946-1959, adm-c19-8-1 (boîte 9086 C);
  • (4) Rapport du jury sur le concours de février-mars 1950. Archives de la Ville de Lausanne, fonds de la Bibliothèque municipale, Animations et expositions 1946-2009, Bibliothèque Municipale - Concours 1946-1959, Concours 1950-1951-1952, adm-c19-8-1 (boîte 9086 C);
  • (5) Rapport du jury sur le concours de Pâques de 1957. Archives de la Ville de Lausanne, fonds de la Bibliothèque municipale, Animations et expositions 1946-2009, Bibliothèque Municipale - Concours 1946-1959, Concours 1957, adm-c19-8-1 (boîte 9086 C).

Muriel Jost

Les dates clés de la bibliothèque municipale

  • 17.11.1934: ouverture de la bibliothèque et de la salle de lecture Jean-Jacques Mercier à la rue des Terreaux 33, au rez-de-chaussée de l'école Les Jumelles;
  • 4.10.1945: agrandissement et ouverture de la section jeunesse;
  • 16.1.1964: mise en service du bibliobus, première station à Montchoisi;
  • 15.3.1968: ouverture de la succursale de Montriond;
  • 12.9.1969: ouverture de la succursale d’Entre-Bois;
  • 3.12.1973: déménagement des sections adultes et jeunesse de la rue des Terreaux 33 à la place Chauderon 9;
  • 26.8.1974: ouverture de la succursale de Mon-Repos;
  • 8.11.1976: ouverture de la succursale de Grand-Vennes;
  • 3.12.1984: déménagement de la section adultes de la place Chauderon 9 à la place Chauderon 11;
  • 3.9.2001: ouverture de la Bibliothèque Jeunesse à l'avenue d'Echallens 2a;
  • 22.12.2006: fermeture de la succursale de Mon-Repos, malgré une pétition et le soutien de plusieurs élues et élus;
  • 20.4.2009: ouverture de la succursale de Chailly;
  • 4.1.2016: ouverture de la succursale de la Sallaz et fermeture de celle de Grand-Vennes.