Eugène et l’aventure Sakaryn
L’écrivain a vécu, en parallèle à ses débuts dans l’écriture, une aventure merveilleuse avec le groupe de rock lausannois Sakaryn, fondé par son ami d’enfance Christian Denisart, dont il fut le danseur et coparolier. Il se souvient.
« Dès l’âge de 13 ans, j’ai commencé à souffrir d’arthrite juvénile. J’avais mal au genou, à la cheville, à la nuque, à la mâchoire… Mon corps m’échappait. A 18 ans, un médecin a essayé un traitement. La maladie est partie en quelques mois. J’étais si heureux de ne plus avoir mal que je dansais de joie. Littéralement. Au même moment, Christian Denisart montait un groupe de musique avec d’autres copains d’école. Je me suis proposé de venir avec eux sur scène pour deux ou trois apparitions. J’ai tellement adoré ça - et eux aussi - qu’on a décidé que Sakaryn aurait un danseur. Pour le style, je mixais tout ce que j’avais vu à la télé: Michael Jackson, Philippe Découflé, Johnny Clegg, le mime Marceau, Prince.
Ceci dit, je n’étais pas très en rythme. Alors je me suis inscrit à des cours de danse africaine. J’ai appris deux choses: compter jusqu’à quatre et considérer le sol comme un ami. Frapper le sol en rythme est une joie!»
«En parallèle à mes efforts corporels, j’ai commencé à écrire des textes de chanson. Au début, Christian les refusait. «Incompréhensible, inchantable». Ce fut une très bonne école. Je découvrais l’effet que produisaient mes textes. Ecrire une chanson remplie d’assonances et d’allitérations c’est bien pour sa satisfaction personnelle, mais l’auditeur ne partage pas forcément mon goût pour les contraintes. J’ai donc réécrit mes chansons. Et je crois que l’écriture commence avec la réécriture du premier jet.
«Quand je dansais pour Sakaryn, j’avais vraiment le trac. C’était si inhabituel, que je craignais que les spectateurs disent: «Mais qu’est-ce qu’il fout là, ce type?» Je devais prouver au public en deux minutes qu’un danseur avait sa place sur scène. L’intensité émotionnelle était si haute, qu’aujourd’hui quand je lis mes textes devant un public, je n’ai plus du tout le trac. C’est juste un plaisir. Par contre, en souvenir de mes aventures avec Sakaryn, je fais toujours quelque chose avec mon corps durant la lecture. Je mime quelque chose ou je danse deux minutes.»
«Les paroles de la chanson Clara ont été écrites par Christian. Il a compilé les prénoms les plus usuels dans son agenda et a troussé quelques rimes sympas. Ce fut une leçon d’écriture: on peut viser juste sans passer des semaines à écrire. Quand j’écrivais des paroles, Christian me donnait un canevas. Avec le nombre de pieds par vers et les rimes. Il faut que le premier vers rime avec le troisième et que le dernier mot de la strophe soit le premier du refrain, par exemple.»
Propos recueillis par Isabelle Falconnier
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