Brazul
Du 02 novembre 2010 au 25 avril 2011
Au cœur de la jungle amazonienne, aux confins des actuels territoires du Venezuela et du Brésil, s’élève le massif de la Neblina («monts des brumes»). Peuplée par les Indiens Yanomami, cette contrée très difficile d’accès est encore largement inexplorée. C’est là que des scientifiques lausannois ont fait, il y a quelques mois, une découverte sensationnelle.


Membre de l’Institut d’ethno-musicologie de l’Université de Lausanne, Christian Denisart participait à une expédition de recherches sur la tradition orale et musicale des peuples amazoniens.
Intrigué par certaines légendes locales, il gagna la Neblina où, dans une vallée perdue, il eut la surprise de trouver les traces d’une ancienne cité. Une civilisation totalement inconnue s’était développée là bien avant les actuels chasseurs-cueilleurs Yanomami.
De retour en Suisse, Denisart fit part de sa découverte aux archéologues lausannois, qui décidèrent d’organiser une exploration. Une équipe s’est rendue sur le site pour une reconnaissance suivie, l’an dernier, d’une campagne de fouilles. D’abord tenus secrets par crainte des pillages, les résultats s’avèrent spectaculaires.
Baptisé «Brazul», le site a livré des vestiges de construction en pierre et d’innombrables objets en terre cuite. Même si bien des aspects de la civilisation brazulienne restent à élucider, on peut déjà affirmer qu’elle s’est développée sur une dizaine de siècles, pour s’éteindre vers 800 après J.-C. Isolés dans leur jungle montagneuse, les «Brazuliens», qui ne connaissaient pas l’écriture, ont découvert l’agriculture et la poterie, laquelle a connu un essor inouï.
Au fil des siècles, la fabrication de récipients s’est en effet intensifiée, jusqu’à devenir effrénée : à leur apogée, les «Brazuliens» consommaient des vases à un rythme démentiel, pour la prospérité des potiers qui composaient la classe dominante. Puis la cité semble avoir subi un déclin brutal, sans doute suite à l’épuisement des ressources en bois et en argile, ainsi peut-être qu’à l’empoisonnement dû aux composants toxiques de certains vernis. Après une régression marquée par des conflits sanglants, la civilisation «brazulienne» s’effondra et disparut.
Le Musée romain de Lausanne-Vidy a le privilège de présenter au public, en première européenne, les trouvailles de la Neblina. Après un court récit filmé de l’expédition lausannoise, les visiteurs pénétreront à leur tour dans la jungle, à la découverte de vestiges inattendus, témoins de l’histoire incroyable et tragique de «Brazul».

Musée romain de Lausanne-Vidy
Chemin du Bois-de-Vaux 24
1007 Lausanne