Mystères et superstitions
Du 4 avril au 28 octobre 2012
Depuis toujours, l’être humain refuse de croire au hasard. La réalité perceptible ne lui suffit pas: il y ajoute des forces invisibles, bienveillantes ou maléfiques. Et il cherche à les apprivoiser ou à les conjurer. Du fer à cheval au chat noir, de l’eau guérisseuse au mauvais œil, de la déesse Fortune aux anges gardiens et de l’astrologie à la fin du monde, la superstition est partout, aujourd’hui comme hier. Vivez-la au Musée romain, et touchez du bois.


Les tartines, c’est connu, tombent toujours côté beurré contre le sol (si c’est le contraire qui se produit, c’est qu’on a beurré le mauvais côté). La poisse et la chance sont sans doute les deux façons les plus répandues de récuser le hasard et de prêter aux choses une intention cachée.
C’est que l’être humain ne se contente pas du monde tel que le perçoivent ses cinq sens. Ses capacités de déduction le poussent à chercher des causes, des liens, des explications au-delà de la réalité immédiate. Et s’il n’y en a pas, il en imagine.
L’exposition du Musée romain explore cet éternel besoin de croire. En prélude, on voit soudain apparaître des entités occultes derrière les choses les plus anodines. Puis on franchit le «vortex» vers une autre dimension, où l’exposition elle-même se décline dans une réalité qui n’est pas ce qu’elle paraît être.
On y découvre d’abord les porte-bonheur et les porte-malheur antiques et modernes, les dieux protecteurs d’alors et les anges gardiens d’aujourd’hui, les pierres magiques et les médailles miraculeuses... Plus loin, on aborde les sorts et maléfices pratiqués entre humains, de l’envoûtement au philtre d’amour.
On explore ensuite les multiples façons de se prémunir des maladies ou d’en guérir. Interventions divines, eaux guérisseuses, remèdes-miracle et amulettes protectrices: les pratiques gallo-romaines et modernes, païennes et chrétiennes, se confondent.
Dans un autre domaine, spiritisme et médiums poursuivent un dialogue très ancien entre les vivants et les morts. Enfin, le besoin de connaître l’avenir, lui aussi, est vieux comme le monde. Voyance et astrologie antiques sont toujours très en vogue, tout comme les prophéties apocalyptiques.
A la sortie de cet univers trouble, on mesure l’actuel foisonnement des pratiques ésotériques, le charlatanisme à succès et l’art d’exploiter commercialement le désir de croire.
L’exposition Mystères & superstitions illustre l’éternel décalage entre raison et croyance. Elle montre au passage que le christianisme est un excellent agent conservateur du paganisme antique. Et elle invite chacun à s’interroger sur ses propres petits crédos intimes: qui n’a jamais consulté son horoscope? Et qui n’a jamais dit, au lieu d’un «bonne chance» qui porte malheur, un mot de cinq lettres qui porte bonheur?

Musée romain de Lausanne-Vidy
Chemin du Bois-de-Vaux 24
1007 Lausanne