Y en a point comme nous
Du 13 juin 2015 au 14 février 2016
«On a un bien joli canton», écrivait Jean Villard Gilles au début de La Venoge. Dans d’autres textes, il dépeignait les Vaudois comme des épicuriens inquiets quoique nonchalants, bien-pensants mais tolérants, modestes et malicieux, indécis sauf pour trois décis: des «tout bons types» en somme.
Mais un bon demi-siècle après, en 2015, existe-t-il réellement une identité, une culture, une mentalité vaudoise? Et si oui, comment les définir? Entre traditions et globalisation, histoire et terroirs, paysage et langage, accent et sarments, poètes et topettes, pâté et papet, Liberté et Patrie, qu’est-ce qui aujourd’hui dessine la «vaudoisitude»? Voilà qui soulève une épeclée de questions.
A l’heure où la notion de patrimoine immatériel est à l’honneur, le Musée romain de Lausanne-Vidy consacre donc une exposition maison, plus ethnographique qu’archéologique, à la culture et à l’esprit vaudois.
Géographiquement, avec le «milieu du monde» entre bassins du Rhône et du Rhin, avec «des lacs, des vergers, des forêts, même un glacier aux Diablerets», le pays de Vaud est une petite Suisse à lui tout seul.
Vaste et varié, son sol est depuis toujours ouvert au passage et donc au brassage. D’où peut-être le besoin de se fabriquer un portrait.
Mais l’identité vaudoise est forcément, avant tout, une affaire collective, populaire, où jouent les sentiments. Elle se décante en une philosophie complexe qui conjugue fatalisme (qui ne peut ne peut), insouciance (ça veut déjà bien jouer), épicurisme retenu (on a eu été plus mal), emphase dans l’adversité (une soif épouvantable), prudence dans le bonheur (on veut le repayer), refus de la hâte (on arrivera ensemble à Nouvel An), pragmatisme, bonhommie, obstination, rejet viscéral du conflit et de la vanité… Le tout sans crainte des paradoxes. Mais ce sympathique portrait, hérité de plusieurs chantres, est-il authentique? Oui et non, bien au contraire.
Avec le bienveillant concours de diverses personnalités du canton, et de l’extérieur aussi, qui livrent leur vision personnelle sur la question, l’exposition aborde la «vaudoisitude» d’aujourd’hui en se fondant sur une approche sociologique menée pour l’occasion.
Au fil de son parcours, des mots bien vaudois à la cuisine typique, de l’humour et des chansons aux objets variés, elle brosse le portrait d’une culture locale confrontée au monde moderne, et tout le chenit.
Bref: une exposition où pédzer une tapée de quarts d’heure vaudois!
Publication
Y en a point comme nous
Séverine André, Laurent Flutsch.
Infolio éditions, Gollion.
2015
Musée romain de Lausanne-Vidy
Chemin du Bois-de-Vaux 24
1007 Lausanne