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Marina Rollman, Marraine de la 11e édition du Prix du livre de la Ville de Lausanne

Une marraine pour faire rayonner toujours plus la littérature romande! La comédienne et humoriste Marina Rollman a relevé le défi et devient la première marraine du Prix du livre de la Ville de Lausanne! Grande lectrice, elle est l’ambassadrice de cette 11e édition et brillante Sélection.

© Alexandre Mottier - Ville de Lausanne
Marina Rollman, Marraine de la 11e édition du Prix du livre de la Ville de Lausanne

Le mot de la Marraine

«Je suis très fière d'être Marraine de cette 11e édition du Prix du livre de la Ville de Lausanne. Participer au comité de sélection m'a confirmé combien la scène littéraire romande est riche, diverse et foisonnante.

Les cinq romans m'ont tous surprise et touchée, chacun à sa manière. J'ai été émerveillée par le voyage proposé par Hélène Jacobé au travers de son «Lotus jaune», la simplicité avec laquelle elle déploie un savoir expansif sur des lieux et une époque qui ne sont pas miens mais qu'elle sait rendre si vivants et troublants. J'ai vibré avec «La vie des choses» de Marc Agron, ce temps long, celui d'une vie, d'une carrière, d'un amour, qui mêle une certaine idée du glamour à une profondeur toute humaine. J'ai été troublée par la délicatesse de Catherine Lovey qui avec son «histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir» tisse l'indicible, la retenue, la grâce des non-dits et des gens que l'on croise. J'ai été électrisée par le courage de Lorrain Voisard dans «Au cœur de la bête» qui propose une expérience sensorielle et politique quasi inédite dans mes lectures. Enfin, j'ai été ébahie par «Une singularité» de Bastien Hauser qui trace une beauté formelle et convoque une audace stylistique au service d'un personnage brillant et de son épopée contemporaine, de l'infiniment petit à l'ineffablement grand.

J'ai hâte des rencontres, j'ai hâte que ces romans soient lus, j'ai hâte que le public s'en saisisse, lise et vote, bref, j'ai hâte que le livre romand vive, à travers vous, lecteurs et lectrices!»

Marina Rollman, Marraine de la 11e édition du Prix du livre de la Ville de Lausanne

La bio

Marina Rollman naît et grandit à Genève. Elle étudie l’architecture puis les lettres classiques, en Suisse et à Paris. Humoriste, elle chronique dans plusieurs émissions de radio – «La drôle d’humeur de Marina Rollman» sur France Inter ou «Les Beaux Parleurs» sur la RTS – et crée des stand-up, joués sur les planches en Suisse et en France. Marina Rollman est aussi réalisatrice et comédienne. Depuis quelques années, elle s’est lancée dans d’autres formes d’écriture, notamment des scénarios de séries et de films.

L'interview de Marina Rollmann

Elle a une place fluctuante, comme pour beaucoup de gens, je pense. J’ai vraiment des périodes où je suis incapable de lire, ou alors incapable de lire de la fiction. Mais là, je suis dans une période assez vorace, peut-être parce que j'essaie moi-même d'écrire un premier roman. J'ai une espèce de rapport un peu boulimique où je sautille d'ouvrage en ouvrage: j'ai envie de me faire une espèce de cours accéléré d'histoire de la littérature.

Mais sinon, je sais que j'ai un rapport de plus en plus capricieux: le téléphone portable ne doit pas y être pour rien mais je n'ai pas une capacité de concentration infinie aujourd'hui; et donc, j'ai besoin d'œuvres qui m'accrochent. Je peux lâcher assez facilement des ouvrages et je cherche vraiment des livres qui résonnent, qui ne sont pas forcément des choses contemporaines car je peux aussi être happée par un classique. En tout cas, en ce moment, la littérature est très présente et il y a plein de livres qui m'ont marquée.

Par exemple, j’ai un souvenir très doux du premier confinement, qui s’est passé dans des conditions très rares et privilégiées pour moi: j'étais à Paris, donc on ne pouvait pas vraiment sortir, mais j'étais dans un joli appartement que je partageais avec quelqu'un avec qui je m’entendais très bien. Il y avait de l’espace, j’avais du travail et n’avais pas de problème de sous. Cette situation a libéré en fait beaucoup d'espace et de temps libre, un peu mou comme ça. Et là, j'ai découvert pour la première fois Joseph Kessel, «Le tour du malheur». J’ai été happée et justement, ça m'a intéressée d'être tellement fascinée par une œuvre qui ne résonne pas forcément avec ma vie contemporaine. On y suit la vie d'un jeune homme qui commence à l'aube de la Première Guerre mondiale. Je trouvais ça vraiment sublime et c'est un souvenir de lecture que je chérirai toujours, de pouvoir lire jusqu'à 4h du matin un mardi, parce que voilà, pas d'obligation. C'était très beau.

Moi qui me rêve en romancière actuellement, je me suis dit que c'était intéressant de voir, d'un point de vue lectrice bien sûr, mais aussi d’édition et de publication – parce qu'en fait, un prix, ça implique qu'on parle d’une certaine «fournée de livres», publiés dans un espace géographique et dans une temporalité précises – et de s’y intéresser de manière très systématique. J’ai trouvé très intéressant aussi de mettre un pied dans la littérature romande, d’avoir accès à des auteurs et des autrices et, en tant qu'aspirante romancière, de me dire que je peux y mettre un pied non seulement comme lectrice et amatrice, mais aussi dans un cadre qui fait qu'on les observe de manière un peu systématique, on compare des ouvrages.

Et puis je me suis demandé: c’est quoi la scène contemporaine littéraire romande? Je trouve ça passionnant parce que de moi-même, spontanément, je ne vais pas forcément chercher des auteurs ou autrices de Romandie quand je cherche un livre à lire, voire, souvent, je décolle de la francophonie car je lis pas mal d'anglophones. J’ai trouvé ça hyper joyeux et je ne m'en rendais pas compte. Pour un bassin de population de 2 millions de locutrices et locuteurs, c'est fou la richesse de ce qu'on a. Les autrices et les auteurs sélectionnés, c'est très vaste, c'est extrêmement talentueux, c'est du travail immense et c'est très varié. Je trouve qu'il n'y a pas du tout un trope, un style, je trouve cette Sélection extrêmement riche.

Il y avait une contrainte qui était: on va lire cette dizaine-douzaine d'ouvrages pour en sélectionner cinq, pour ensuite les soumettre au vote du public. C’était un exercice très joyeux, c’était presque une manière de revenir à l'école et que je devais étudier des autrices et auteurs imposés. Il y avait quelque chose comme ça, et j'ai senti le bénéfice, j'ai appris, j'ai découvert des plumes, des styles.

J'avais une voix, comme tous les autres membres. On a lu chacun de notre côté et puis, ensuite, on a débattu de comment faire émerger cinq romans qui allaient intéresser les lectrices et lecteurs; il fallait un panel assez varié aussi, en termes stylistiques, formels, de ton, de point de vue, et situer aussi qui sont les autrices et auteurs qu'on a sélectionnés?

Et je trouve que le débat a été très intéressant, il y avait des gens qui avaient des avis qui n'étaient pas du tout les miens sur des ouvrages, et j’ai trouvé éclairant de les entendre. J'ai l'impression que j'étais entourée de bien plus grands lecteurs et lectrices que moi, je pense qu'ils dévorent du roman comme ça. Mais c'était très joyeux.

J'ai envie de leur dire que je pense qu'il y a à boire et à manger pour tout le monde. Je pense que c'est très intéressant de jeter un œil aux ouvrages, qu'on les termine ou pas d'ailleurs, parce que je pense que on a le droit de ne pas accrocher. Mais je crois vraiment que ces 5 ouvrages, qui ont énormément de mérite, sont des voix très différentes, ce sont des voyages très différents et je pense que ça vaut vraiment le coup de fureter, de papillonner et de donner sa voix au roman qui nous a accroché. Peut-être que les gens ne vont pas tous les lire, mais ça vaut le coup de tous les ouvrir une fois, même pour quelques pages et de voir quelle musique nous emporte. Ce qui s’est passé pour moi, après la sélection, c’est que j’ai beaucoup offert ces ouvrages, car je me suis rendue compte qu’autour de moi – amies et amis, famille, en Suisse Romande – beaucoup de gens, même des grandes lectrices et lecteurs, lisaient peu d’ouvrages suisses romands.

Les lectrices et lecteurs du Prix du livre de la Ville de Lausanne pourront constater qu’en fait, ce ne sont pas forcément des ouvrages qui ont tant de presse que ça, même chez nous, et que c’est un super cadeau pour des amatrices et amateurs de littérature en Romandie, mais aussi en Francophonie, d’offrir ces ouvrages-là. Parce que ce ne sont pas des ouvrages qui ont une vitrine publique si immense que ça; et de toutes façons, on le sait, de manière générale la littérature ne se vend pas beaucoup. Je trouve donc ça chouette de donner un coup de projecteur sur pas les même 5 noms dont on parle tout le temps, les plus gros vendeurs. Et là, vraiment, toutes les personnes à qui j’en ai offert ont été agréablement surprises, choquées de ne pas connaître l’auteur ou l’autrice. Je trouve que c’est très chouette d’encourager la littérature romande.

Je lis «The Long Island Compromise», le 2e roman de Taffy Brodesser-Akner qui est à la base une journaliste qui faisait beaucoup des portraits au long cours pour le New York Magazine. Et elle a sorti un roman il y a quelques années, «Fleishman is in Trouble», qui a été adapté à la télévision, c’est devenu une série avec Jesse Eisenberg et Claire Danes. C’est hyper intéressant, car stylistiquement, sous couvert d’être un truc un peu léger, drôle et absurde, avec un style très enlevé et un truc parlé, elle a gardé la plume de quelqu’un qui est censé accrocher en quelques lignes parce qu’elle faisait de la presse. Il y a un truc de profondeur, une grande tragi-comédie, une mélancolie, c’est très joli. C’est aussi très habilement construit, car elle trace le portrait d’une famille, mais sans être dans quelque chose de chronologique. Autour de quelques événements, elle nous donne trois perspectives, comme une enquête sur une fratrie au moment où ces gens se trouvent subitement désargenté. C’est très drôle, c’est chouette. Son premier livre «Fleishman is in Trouble» existe en français sous le titre «Anatomie d’un divorce» et c’est ce livre que je recommanderais.

Et après, je pense que je vais lire Miranda July «All fours», dont ses œuvres précédentes ont été traduites en français. Elle, c’est une sorte d’artiste protéiforme, plasticienne, cinéaste, romancière américaine, qui se définit plutôt comme autrice d’ailleurs, mais elle a fait beaucoup de choses et ce dernier roman a l’air super.

Je vais bientôt tourner la saison 5 de «LOL, qui rit sort», une téléréalité d’Amazone Prime. Et en parallèle, une série sur laquelle j’ai collaboré à l’écriture et qui s’appelle «Espèce menacée» sortira sur la RTS en début 2025. «Espèce menacée», c’est une comédie d’aventure en 6 épisodes avec un super casting: Rébecca Balestra, Vincent Veillon, Thomas Wiesel, Yann Marguet, Rodrigo Peñalosa, Tiphanie Bovay-Klameth, plein de comédiennes et de comédiens de talent.

Et puis j’ai aussi collaboré à l’écriture d’une série française qui sort mi-octobre 2024, qui s’appelle «Culte», et qui trace les dessous de la 1e saison, mais du point de vue de la production, de «Loft Story», donc l’arrivée de la téléréalité en France. C’est donc une fiction historique, mais sur une histoire qui n’a qu’une vingtaine d’années un peu près et c’est une espèce de thriller, une intrigue de bureau, une comédie de mœurs sur les dessous de tout ce phénomène. Une très belle série créée par Nicolas Slomka et Matthieu Rumani, avec un casting dément, notamment Marie Colomb, Anaïde Rozam et Sami Outalbali. Je me réjouis beaucoup que les téléspectatrices et téléspectateurs la découvre.

Propos recueillis par Fanny Meyer, déléguée à la politique du livre

La présentation de Marina Rollman

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