Emissions directes
Les émissions directes de gaz à effet de serre sont suivies de façon prioritaire, afin de suivre si la tendance mène aux objectifs fixés.
Les émissions de gaz à effet de serre appartiennent soit à la catégorie des émissions directes, soit à la catégorie des émissions indirectes. Lorsque le périmètre d'analyse est une ville, un canton ou un pays, les termes d'émissions «territoriales» et «extra-territoriales» sont parfois préférés aux termes «directs» et «indirects».
A titre d'exemple, un litre de mazout brûlé dans une chaudière située à Lausanne engendre des émissions directes de gaz à effet de serre à la cheminée du bâtiment concerné. Des émissions indirectes sont également produites ailleurs, en amont de la chaîne de valeur du mazout, par exemple sur le site de la raffinerie.
Les émissions directes ont deux particularités importantes. D'une part, il est possible de les estimer avec beaucoup plus de précision que les émissions indirectes. D'autre part, l'organisation responsable des émissions a une très forte capacité d'agir pour les réduire, au contraire des émissions indirectes.
Ce sont les raisons pour lesquelles la Municipalité de Lausanne a fixé l'objectif d'atteindre zéro émission directe de gaz à effet de serre à l'horizon 2050. En conséquence, leur suivi est prioritaire, réalisé annuellement et partagé ci-dessous.
Périmètre «Lausanne»
Le périmètre «Lausanne» concerne l'ensemble des acteurs présents sur le territoire géographique de la commune de Lausanne, c'est à dire ses habitantes et habitants, ses entreprises et ses collectivités publiques. Le standard utilisé pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre est le «GHG Protocol for Cities».
Appliqué à la ville de Lausanne, les émissions directes (ou territoriales) concerne les domaines suivants:
- Bâtiments: combustion de mazout et de gaz naturel pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire;
- Mobilité: combustion d'essence et de diesel pour les transports privés et collectifs. Ces émissions ne sont estimées que chaque cinq ans;
- Traitement des déchets solides: combustion des déchets non biogéniques à l'usine de Tridel;
- Traitement des eaux usées: émissions de N2O et de CH4 sur les lignes de traitement de l'eau et des boues;
- Agriculture: émissions liées au cheptel (fermentation entérique, gestion des lisiers et des fumiers) et des pratiques agricoles (usage de fertilisants organiques et minéraux).
Commentaire
Bien que les émissions de l'année 2022 soient les plus faibles de la période d'analyse (2019-2022), il est trop tôt pour s'en réjouir et pour affirmer qu'il s'agit d'une tendance pérenne. En effet, la période d'analyse est d'une part trop courte pour tirer des conclusions à long terme. Et surtout, des événements conjoncturels majeurs ont eu lieus durant cette période, rendant l'analyse incertaine. Il s'agit de la crise COVID et de la crise de l'énergie, mais aussi des variations méthodologiques affectant sensiblement la demande de chauffage.
Il est cependant possible d'affirmer que les gaz à effet de serre émis sur le territoire de la ville de Lausanne sont évalués à un peu moins de 3.5 tonnes CO2e par an et par habitant.e. Le chauffage des bâtiments (voir focus ci-dessous) compte pour près de 50% des émissions directes à Lausanne, la mobilité 20% et la combustion des déchets solides 20% également.
Enfin, l'évacuation et le traitement des eaux usées émettent le 10% restant. La baisse observée dès 2022 s'explique par l'arrêt du traitement biologique des eaux en raison des travaux de reconstruction de la STEP de Vidy. Cette situation transitoire est paradoxale: non-souhaitable en terme de qualité de l'eau du Léman, elle a des effets positifs en termes d'émissions de gaz à effet de serre. La mise en service de la future STEP (horizon 2026) devrait permettre de fortement réduire les émissions directes du traitement de l'eau et de l'incinération des boues tout en améliorant la qualité de l'eau.
Focus sur les bâtiments (émissions des chauffages)
Le périmètre « Lausanne » concerne l'ensemble du parc bâti situé à l'intérieur des limites géographiques lausannoises, soit près de 9000 bâtiments. La Ville de Lausanne peut agir en priorité sur son propre patrimoine (600 bâtiments chauffés). Pour les bâtiments privés, le potentiel d'action de l'administration communale est plus limité.
Le graphique ci-dessous représente les émissions directes (scope 1) de gaz à effet de serre dûes à l'utilisation de combustibles pour le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire sur le territoire lausannois. Le niveau de précision est plus élevé pour le gaz naturel et le chauffage à distance, exclusivement distribués par les SiL, que pour le mazout qui est estimé l'aide de modèles. Les pompes à chaleur n'engendrent pas d'émissions directes et sont donc exclues de cette représentation.
Commentaire
L'utilisation des combustibles fossiles pour le chauffage des bâtiments représente plus de la moitié (52% en 2022) des gaz à effet de serre émis sur le territoire de la commune.
Sur une période si courte, les variations annuelles s'expliquent essentiellement par des facteurs météorologiques, ainsi que par les crises survenues. L'année 2021 a connu des périodes hivernales froides, ce qui engendre une hausse de la demande chaleur et de consommation de combustibles. A l'inverse, l'année 2022 était à la fois une année douce et une année marquée par la crise de l'énergie. Une baisse sensible de la consommation de combustible, en particulier de gaz naturel fossile, en a résulté.
Périmètre «Administration»
Selon le standard utilisé (GHG protocol corporate standard), les émissions directes (scope 1) d'une organisation telle que l'administration lausannoise proviennent de la combustion d'énergie fossile dans ses propres installations et utilisés pour ses propres besoins. Leur évolution est représentée ci-dessous.
Pour le chauffage des bâtiments, cela regroupe les bâtiments appartenant au patrimoine administratif de la Ville, c'est-à-dire les bâtiments appartenant à la Ville et utilisés pour ses propres besoins (bureaux) ou pour différents services publics (écoles, etc.).
Pour la mobilité, cela regroupe la combustion d'essence et de diesel dans la flotte des véhicules de la Ville. Les véhicules de location et les véhicules privés ne sont pas inclus.
Commentaire
Les deux-tiers des émissions directes de gaz à effet de serre de l'administration proviennent des chauffages (voir focus ci-dessous).
Le tiers restant provient de l'utilisation de carburant par la flotte de véhicules de la Ville. Les émissions sont en baisse régulière. Cette tendance devrait se renforcer ces prochaines années en raison du processus d'électrification de la flotte de véhicules de l'administration.
Focus sur les émissions des bâtiments (chauffage)
Formellement, seuls les bâtiments du Patrimoine administratif appartiennent au scope 1 (émissions directes) selon la classification du standard retenu. Toutefois, afin d'offrir une vision sur l'ensemble des bâtiments utilisés par l'administration, le graphique ci-dessous met également à disposition les émissions des bâtiments dont la Ville est locataire. Formellement, ces derniers relèvent du scope 3 (émissions indirectes).
Certains bâtiments concernés sont situés en dehors des limites géographiques communales, raison pour laquelle ce périmètre n'est pas totalement inclus dans le graphique précédent (périmètre «Lausanne»).
Commentaire
Les deux-tiers des émissions directes (scope 1) de l'administration proviennent de l'utilisation de combustibles fossiles pour le chauffage des bâtiments. Un pic a été observé en 2021, en raison de la combinaison de deux facteurs: des hivers froids en comparaison avec les autres hivers de la série, ainsi qu'une part plus importante de combustibles fossiles dans le mix du chauffage à distance de la Ville.
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