Mythe ou vérité du 30km/h
Pour mieux comprendre les avantages du 30 km/h et répondre aux préoccupations courantes, l'Union des Villes suisses (UVS) propose un éclairage sur les informations disponibles.
Limiter la vitesse pour protéger et apaiser les quartiers
La Ville de Lausanne s’engage à renforcer la sécurité et à réduire les nuisances sonores pour l’ensemble de la population. Le moyen le plus efficace pour y parvenir est la réduction de la vitesse des véhicules.
L'Union des Villes suisses (UVS) a répondu à différentes questions posées sur la mise en place de la limitation de vitesse à 30km/h.
Le 30km/h: vraiment une perte de temps ?
Passer de 50 à 30 km/h augmente théoriquement le temps de trajet d’environ 5 secondes par 100 mètres. En réalité, c’est plutôt 2 secondes, car aux heures de pointe on ne peut presque jamais rouler à 50 km/h. Sur de courts tronçons, cette différence est donc quasiment imperceptible pour les conductrices et conducteurs. En situation de trafic dense ou d’embouteillages, la vitesse à 30 km/h améliore même la fluidité, car les véhicules roulent de manière plus régulière. Dans ces cas-là, la limitation peut donc faire gagner du temps.
Le 30km/h: vers plus de sécurité?
Selon le Bureau de prévention des accidents, en cas de collision avec un véhicule, à 30km/h, les chances de survie d’une piétonne ou d’un piéton sont de plus de 90 %, à 50km/h ce chiffre descend à 70 %. Sur la base des chiffres de 2024, cela représenterait chaque année environ 760 blessés graves et 38 vies sauvées. A 30 km/h, une voiture freine beaucoup plus vite: la distance de freinage est presque réduite de moitié par rapport à 50 km/h. Concrètement, là où une voiture roulant à 30 km/h est déjà arrêtée en cas d’urgence, celle qui roulait à 50 km/h n’a souvent même pas encore commencé à freiner. La limitation à 30 km/h apporte donc un important gain de sécurité, surtout sur les passages piétons et pour les enfants sur le chemin de l’école.
Le 30km/h: moins de bruit dans mon quartier?
Les villes, communes et cantons ont l’obligation légale de protéger les habitants du bruit routier. Les deux mesures les plus efficaces sont la baisse de la vitesse et l’utilisation de revêtements phono-absorbant. Passer à 30 km/h permet de réduire le bruit d’environ 3 dB(A), ce qui revient, pour l’oreille, au même effet qu’un trafic deux fois moins important. Sur la plupart des grands axes urbains, il faut combiner le 30 km/h et un revêtement silencieux pour respecter les normes de bruit. Les véhicules électriques peuvent aussi réduire les nuisances, mais seulement à faible vitesse: au-delà de 25 km/h, c’est le bruit des pneus sur la route qui domine, même pour une voiture électrique.
Le 30km/h: compatible avec les transports publics?
Dans les cas étudiés par l’OFROU (2019), on n’a constaté «aucune modification significative des durées des trajets pour le trafic individuel motorisé ni pour les transports publics». Le canton de Lucerne (2024) a aussi analysé l’effet du 30 km/h sur quatre lignes de bus dans les centres des localités: les trajets ont été prolongés de maximum 35 secondes. Ces légers retards peuvent être compensés grâce à la priorité donnée aux bus ou à d’autres améliorations de l’exploitation. Les résultats du monitoring mené à Fribourg (2025) vont dans le même sens. À Aarau, l’introduction du 30 km/h à la Bahnhofstrasse, combinée à la suppression des feux et à de nouveaux arrêts en chaussée, a même permis de réduire les temps de trajet de 77 secondes et d’améliorer ainsi la stabilité des horaires (Viaplan AG, 2025).
Le 30km/h: des espaces plus agréables?
Limiter la vitesse à 30 km/h sur les axes principaux améliore la qualité de vie et rend les rues plus agréables: moins de barrières causées par les routes, création possible de nouveaux espaces verts grâce à des voies plus étroites, et aménagements plus attractifs (canton de Lucerne, 2024). Des rues plus accueillantes profitent aussi aux commerces et aux habitations riveraines. Enfin, la vitesse réduite augmente la sécurité et l’espace pour les déplacement à pied ou à vélo.
Le 30 km/h: un ralentissement pour les services d'urgence?
Ce n’est pas la limitation de vitesse, mais la densité du trafic qui détermine en premier lieu à quelle vitesse un camion de pompiers ou une ambulance peut rouler. Les règles sur les excès de vitesse pour les services d’urgence ont été mises à jour dans la dernière révision de la Loi sur la circulation routière (LCR). Selon l’article 100 LCR, les véhicules prioritaires peuvent dépasser les limites de vitesse, à condition de rester prudents et d’utiliser leurs signaux d’alerte (OFROU, 2021). De plus, toute personne qui enfreint les règles de circulation pour «préserver des intérêts supérieurs» peut invoquer un état de nécessité prévu par l’article 17 du Code pénal.
Le 30km/h: une excuse pour prendre les petite routes de quartier ?
Selon un rapport de l’OFROU (2019), il n’existe aucun exemple documenté où le passage à 30 km/h sur une route principale aurait entraîné un report de trafic indésirable. Une fiche d’information du canton de Lucerne (2024) arrive à la même conclusion: «Les tronçons limités à 30 km/h mis en place jusqu’ici dans les centres des localités n’ont pas entraîné de trafic de contournement».
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