Chauffage et bâtiments
La combustion d'énergie fossile pour chauffer les bâtiments et produire l'eau chaude sanitaire est la principale source d'émission de gaz à effet de serre sur le territoire lausannois. A ce titre, il s'agit d'un secteur prioritaire du suivi du Plan climat.
Emissions de gaz à effet de serre
La combustion d'énergie pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire des bâtiments est responsable de plus de la moitié des gaz à effet de serre émis sur le territoire de la ville de Lausanne, et près des trois-quarts des émissions directes causées par l'administration. La Municipalité a fixé l'objectif d'atteindre zéro émission directe nette d'ici à 2050.
Les émissions directes des chauffages proviennent de la combustion de mazout et de gaz naturel (méthane), deux agents énergétiques d'origine fossile. Il s'agit donc de remplacer toutes les chaudières à mazout et à gaz naturel par des solutions renouvelables décarbonées (chauffage à distance, pompes à chaleur, bois, solaire thermique).
Cependant, il ne sera possible de disposer de suffisamment d'énergie renouvelable que si, en parallèle, la demande de chaleur des bâtiments est fortement réduite. Le taux actuel d'assainissement énergétique des bâtiments, proche de 1% par an, est insuffisant et doit rapidement augmenter pour atteindre 3% par an.
Le périmètre «Lausanne» concerne l'ensemble du parc bâti situé à l'intérieur des limites géographiques lausannoises, soit près de 9000 bâtiments. La Ville de Lausanne peut agir en priorité sur son propre patrimoine (600 bâtiments chauffés). Pour les bâtiments privés, le potentiel d'action de l'administration communale est plus limité.
Le graphique ci-dessous représente les émissions directes (scope 1) de gaz à effet de serre dûes à l'utilisation de combustibles pour le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire sur le territoire lausannois. Le niveau de précision est plus élevé pour le gaz naturel et le chauffage à distance, exclusivement distribués par les SiL, que pour le mazout qui est estimé l'aide de modèles. Les pompes à chaleur n'engendrent pas d'émissions directes et sont donc exclues de cette représentation.
Cible
Zéro émission directe en 2050
Commentaire
L'utilisation des combustibles fossiles pour le chauffage des bâtiments représente plus de la moitié (52% en 2023) des gaz à effet de serre émis sur le territoire de la commune.
La crise énergétique, conséquence de la guerre en Ukraine, a contribué à la baisse des émissions dès 2022, grâce à une série de mesures prises par les propriétaires et les locataires. De plus, les années 2022 et 2023 ont été des années aux hivers relativements doux, expliquant également une partie de la baisse de la demande de combustibles fossiles. La vente de gaz naturel sur le territoire communal a été en 2023 la plus faible depuis 8 ans.
Formellement, seuls les bâtiments du patrimoine administratif appartiennent au scope 1 (émissions directes) selon la classification du standard retenu. Toutefois, afin d'offrir une vision sur l'ensemble des bâtiments utilisés par l'administration, le graphique ci-dessous met également à disposition les émissions des bâtiments dont la Ville est locataire. Formellement, ces derniers relèvent du scope 3 (émissions indirectes).
Certains bâtiments concernés sont situés en dehors des limites géographiques communales, raison pour laquelle ce périmètre n'est pas totalement inclus dans le graphique précédent (périmètre «Lausanne»).
Cible
Zéro émission directe en 2050
Commentaire
Les deux-tiers des émissions directes (scope 1) de l'administration proviennent de l'utilisation de combustibles fossiles pour le chauffage des bâtiments. Depuis le pic de 2021, conséquence d'hivers rigoureux et d'une part plus importante de combustibles fossiles dans le mix du chauffage à distance, les émissions du chauffage des bâtiments publics ont diminué d'un tiers. Les mesures d'efficacité énergétique (ex: abaissement de la température de chauffage) mises en oeuvre en réponse à la crise de l'énergie portent leurs fruits.
Indicateurs de suivi du Plan climat
Le set d'indicateurs ci-dessous permet de mieux comprendre l'évolution des gaz à effet de serre des chauffages, de décrire l'effet des actions privées et publiques concernant ce domaine et de mettre à disposition l'ensemble des objectifs spécifiques concernant l'assainissement énergétique des bâtiments et la décarbonation de leur chauffage.
Cet indicateur mesure la consommation de combustibles et d'électricité pour un usage de chauffage sur le territoire lausannois. Les flux distribués par les SiL et au bénéfice de compteurs individuels (chauffage à distance et gaz) sont connus avec précisions. Les consommations de mazout, de bois et d'électricité pour un usage de chauffage sont estimées à l'aide de modèles, plus incertains.
Correction climatique
La consommation énergétique pour le chauffage varie sensiblement d'une année sur l'autre en raison des variations de l'intensité de chaque hiver. Cela rend plus difficile la lecture et l'interprétation des séries de données.
La « correction climatique » des données de chauffage permet de lisser ces fluctuations en estimant la consommation théorique du parc bâti par rapport à un hiver de référence. Le graphique ci-dessous compare les données de consommation réelle et les données de consommation après correction climatique du parc bâti lausannois.
Cible
- Zéro combustible fossile (gaz naturel, mazout) en 2050 sur le territoire lausannois
- 75% de part de marché pour le CAD en 2050
Consommation totale d'énergie de chauffage
Détail (données avec correction climatique)
Commentaire
Depuis 2019, la consommation d'agents énergétiques de chauffage, après correction climatique, a baissé de 12% au total, et de 15% pour les combustibles fossiles que sont le mazout et le gaz naturel. Cela s'explique par l'assainissement de certains bâtiments et par les adaptations consécutives des risques de pénuries énergétiques durant les hivers 2022-2023 et 2023-2024.
Ensemble, gaz naturel et mazout représentent environ 71% de la demande sur le territoire communal en 2023. Le CAD 27%.
Cet indicateur permet d'approximer le taux d'assainissement énergétique des bâtiments privés ou publics situés sur le territoire de la commune de Lausanne.
Il est calculé à l'aide des subventions versées à la fin des travaux par le Programme Bâtiments géré par le Canton de Vaud. Les taux présentés ci-dessous se réfèrent aux subventions attribuées pour des travaux sur tout ou partie de l'enveloppe du bâtiment.
Les deux sources d'incertitude sont les travaux non-subventionnés qui échappent à la statistique, et les bâtiments obtenant plusieurs subventions partiels qui y apparaîtront plusieurs fois.
Cible
Taux d'assainissement de 3.3% de la surface énergétique de référence, par an
Commentaire
Le taux d'assainissement des bâtiments lausannois oscille autour de 1%, ce qui reste bien inférieur à l'objectif visant à assainir l'entier du parc d'ici à 2050. La possible future entrée en vigueur de la nouvelle loi vaudoise sur l'énergie devrait contribuer à accélérer la rénovation des bâtiments.
Cet indicateur indique la puissance supplémentaire des nouveaux raccordements au chauffage à distance réalisés dans l’année écoulée.
Le nombre de nouveaux raccordements est aussi partagé. Un nouveau raccordement peut remplacer une ou plusieurs chaudières existantes.
Cible
120 MW ajouté en 2035
Nouveaux raccordements
Puissance supplémentaire cumulée
Commentaire
Les objectifs du Plan climat nécessitent un déploiement accéléré du chauffage à distance. C'est pourquoi une réorganisation interne a été opérée en 2023. De plus, les raccordements présentant une puissance importante sont désormais privilégiés.
En conséquence, une forte croissance (+ 60%) a été observée en 2024. Celle-ci devra encore augmenter jusqu'à atteindre un rythme d'environ 9 MW supplémentaire annuel pour atteindre l'objectif intermédiaire de 2035.
Cet indicateur présente le mix énergétique du chauffage à distance.
Les rejets de chaleur incluent la combustion des déchets à Tridel et des boues d'épuration à la STEP de Vidy directement raccordés au réseau lausannois.
Les garanties d'origine (GO) sont des certificats attestant la production d'une quantité d'énergie à l'aide d'une technologie. La Ville de Lausanne achète des GO pour du biogaz (renouvelable) produite en Europe.
La part fossile provient de la combustion du gaz naturel. Exceptionnellement, l'utilisation de mazout reste possible.
Cible
100% renouvelable en 2035 (y compris rejets de chaleur et garanties d'origine européennes)
Commentaire
Le chauffage à distance est majoritairement alimenté par des rejets de chaleur (Tridel, STEP) et des énergies renouvelables locales (64,2%), dont 2% de biogaz européen au bénéfice de garanties d'origine. Le dernier grand apport est l'installation de biogaz à la STEP de Lausanne, mise en service en 2022.
Pour attendre l'objectif d'un mix énergétique 100% renouvelable dès 2035, des centrales de géothermie, des pompes à chaleur sur l'eau du lac et de la STEP et des centrales à bois vont progressivement voir le jour à partir de 2026.
Cet indicateur indique la quantité de déchets produits par les ménages les entreprises lausannoises. Il présente également la répartition des déchets au sein de la filière valorisation matière (recyclage, compostage) ou de la filière incinération puis mise en décharge.
Les différentes filières de traitement de déchets en fin de vie sont émettrices, avec des intensités variables, de gaz à effet de serre.
Cible
60% de déchets recyclés ou compostés
Commentaire
La quantité de déchets produits par la population et les entreprises lausannoises est stable, environ 63'000 tonnes. Rapportée à la population, cela signifie une légère baisse. Le taux de recyclage et de compostage est également très stable (54%).
La Ville de Lausanne encourage le tri par le développement de nouvelles filières de recyclage, comme celle pour les briques à boisson proposée dès 2023, et par différentes campagnes de sensibilisation et de communication. La dernière analyse du contenu des poubelles par l'OFEV a mis en évidence que peu de déchets recyclables restent dans le sac taxé, à l'exception des biodéchets.
Cet indicateur présente d'une part le volume de déchets traités par Tridel chaque année.
D'autre part, il fournit la quantité d'énergie vendue par Tridel sous forme de chaleur et de vapeur via le réseau de chauffage à distance, et d'électricité. Cela permet de remplacer des agents énergétiques très carbonés comme le mazout.
Le développement du réseau de chauffage à distance, les phases de maintenance de Tridel et les réglages de l'usine visent à optimiser la commercialisation de l'énergie produite, afin de minimiser les pertes estivales.
Cible
Tonnage: baisse à 160'000 tonnes en 2040 et 150'000 tonnes en 2050
Commentaire
La quantité de déchets traités en 2024 a augmenté d’environ 5% en raison d’apports plus importants de la part de clients privés qui livraient précédemment leurs déchets vers d’autres usines. Par tonne de déchets traités, la vente d'électricité est stable et la vente de chaleur est en légère augmentation en raison d’un arrêt d’usine plus court. En valeur absolue, on constate une augmentation significative des énergies produites, en raison de la quantité de déchets valorisés.
Cet indicateur présente la consommation de combustible par les bâtiments utilisés par l'administration.
Cela inclut les bâtiments du patrimoine administratif ainsi que les bâtiments entièrement utilisés par la Ville comme locataire.
Les bâtiments que l'administration n'utilise que partiellement en tant que locataire ne sont pas inclus pour des raisons d'accès à une information fiable et de qualité.
Certains bâtiments de ce périmètre sont situés sur le territoire d'autres communes.
Cible
- Abandon du mazout en 2035
- 0 combustibles fossiles en 2050
Commentaire
La décrue de la consommation de combustibles dans les bâtiments de l'administration se poursuit. Corrigée des variations climatiques (rigueur ou douceur de l'hiver), la baisse de consommation de combustibles depuis 2019 est de 14% au total, et de 17% pour les énergies fossiles (gaz naturel, mazout). La part des énergies fossiles représente 22% de la consommation totale.
Le parc immobilier propriété de la Ville de Lausanne est réparti en deux patrimoines comprenant au total 600 bâtiments chauffés:
- Le patrimoine administratif regroupe les bâtiments appartenant à la Ville, utilisés par l'administration ou permettant d'accomplir des missions de services publics, par exemple les écoles.
- Le patrimoine financier réunit les bâtiments appartenant à la Ville loués à des utilisateurs tiers. Cela concerne surtout des immeubles de logements et des locaux commerciaux.
L'indicateur présente le nombre de bâtiments des deux patrimoines ayant été assainis énergétiquement chaque année ainsi que la réduction de la consommation de chaleur atteinte grâce aux travaux réalisés.
Description
Cet indicateur présente le nombre de bâtiments de son patrimoine assainis chaque année par la Ville. La stratégie d'assainissement doit permettre d'assainir la totalité du parc (600 bâtiments chauffés) avant 2050.
L'indicateur présente également la réduction estimée de la consommation de chaleur des bâtiments assainis aux termes des travaux.
Cible(s)
Taux d'assainisssement de 3,3% de la surface de référence énergétique, par an
Réduction de la demande de chaleur après assainissement de 50 à 70%
Commentaire
En 2024, les travaux ont été finalisés sur deux bâtiments de grande taille, le Collège de St-Roch et le Collège de la Barre. La performance énergétique de leur assainissement est élevée, puisque la demande de chaleur y est réduite de près de deux-tiers.
L'accélération de l'assainissement du parc bâti de la Ville prendra véritablement effet à partir de 2026. Dès cette date, de nombreux chantiers décidés à la suite de l'adoption du Plan climat (2021) arriveront à leur terme. En effet, les études et/ou les travaux sont en cours pour plus de 50 objets des patrimoines financiers et administratifs pour lesquels les crédits d'investissement ont été obtenus.
Liens
Le parc immobilier propriété de la Ville de Lausanne est réparti en deux patrimoines comprenant au total 600 bâtiments chauffés:
- Le patrimoine administratif regroupe les bâtiments appartenant à la Ville, utilisés par l'administration ou permettant d'accomplir des missions de services publics, par exemple les écoles.
- Le patrimoine financier réunit les bâtiments appartenant à la Ville loués à des utilisateurs tiers. La Ville de Lausanne possède notamment des logements et des locaux commerciaux.
Cet indicateur répartit les bâtiments selon leur Indice de Dépense de Chaleur (IDC), de A pour les bâtiments les plus efficients, à G pour les «passoires énergétiques». Cet indice permet d'estimer la performance énergétique des bâtiments avant de disposer du Certificat Energétique Cantonal des Bâtiments (CECB).
Cible
Assainissement d'au minimum 80% des bâtiments du patrimoine financier classés E, F ou G (en 2022) d'ici à 2035
Etablissement de l'étiquette IDC des bâtiments de la Ville
Répartition des bâtiments de la Ville selon leur IDC
Commentaire
Le travail de modélisation des bâtiments de la Ville est en cours. A fin 2024, l'étiquette IDC est disponible pour 260 objets chauffés. Les objets restants y seront ajoutés prochainement.
Sur cet échantillon, environ 10% des objets peuvent être considérés comme des passoires énergétiques. Cette information est nécessaire pour sélectionner les prochains objets à assainir.
Bureau du climat et de la durabilité
Secrétariat général de la Direction Logement, environnement et architecture
Rue du Port-Franc 18
Case postale 5354
1001 Lausanne