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Historique

Depuis la domestication du feu près de 400'000 ans avant notre ère par Homo erectus, les risques liés à son usage ont progressivement généré la crainte et la peur chez Homo sapiens. Avec l’avènement des sociétés civilisées et modernes, ainsi qu’à l’usage domestique et industriel du feu, l’homme a dû faire face aux dégâts pouvant résulter de la combustion incontrôlée de matière. Il a alors mis en place divers moyens de combat, respectivement de prévention.

Au Moyen Age, la ville de Lausanne a connu de très gros incendies, les plus catastrophiques certainement de son histoire. Les moyens de les combattre étaient dérisoires et souvent inefficaces; ils n’évoluèrent guère jusqu’à la période bernoise. L’eau, puisée aux fontaines, dans la Louve et le Flon, transportée avec des seaux, était le seul agent extincteur. La maison sinistrée, et les habitations voisines, étaient démolies pour arrêter le progrès du feu. C’est à la suite d’incendies ravageurs que des ordonnances sur la police du feu furent édictées, renouvelées et renforcées. La règlementation concernait avant tout la conservation du feu à l’intérieur des maisons et la construction des bâtiments. Les incendies ont eu dès le XIIIe siècle des conséquences profondes sur la manière de construire les maisons et l’aménagement des quartiers. En ce sens, l’histoire architecturale et urbaine de Lausanne est liée pour une part importante aux incendies qui l’ont dévastée.

A Lausanne, la première mention d’un incendie dans les textes en latin se retrouve dans le cartulaire du Chapitre de Notre Dame de Lausanne. Il mentionne un incendie survenu le 8 août 1219 qui détruisit 1374 maisons. Le texte relate les propos suivants, traduit du latin: «L’an de l’incarnation 1219, le six des nones (NDT: soit le 8 août) avant minuit, par les pièges de l’antique ennemi, un feu fut allumé en la Chenau (NDT: plutôt que de la rue Cheneau de Bourg, il doit s’agir de la ruelle des Cheneaux, au pied de la colline de la Cité, derrière la rue du Pré et démolie en 1940) par une chandelle, devant le four de l’évêque, et il embrasa toute la ville à l’intérieur des murs et de la Cité jusqu’à la cathédrale  et à la maison de l’évêque, le beffroi et toutes les cloches, à l’exception de trois, et la campanile de l’église Saint-Paul (NDT: église au midi de la rose de la cathédrale); il fut dénombré 1374 maisons brûlées».

Pour se prémunir de ces catastrophes, le guet de la cathédrale a été instauré. La première mention de ce système d’alerte est mentionné dans une ordonnance de 1405 en ces termes: «A chaque heure de la nuit un des guets du clocher de la Grande Eglise soit obligé de crier l’heure à l’accoutumée et d’appeler sous peine de six deniers pour chaque faute supportable par les dits guets du Clocher, lesquels guets de chaque bannière ainsi appelés seront obligés de répondre à l’accoutumée sous la même peine de six deniers payables et applicables comme [ci-]dessus.»

Toujours dans ce même document de 1405, on découvre la première ordonnance contre les incendies (en latin). Elle a été écrite sur le parchemin des «Ordonnances sur la prévention des incendies, l’agrandissement des places publiques et la vente des denrées de novembre 1405».

En 1634 déjà, on retrouve la trace de dispositions liées aux mesures de protection incendie dans les "Mandats généraux bernois pour le Pays de Vaud" ou encore "Les coutumiers du Pays de Vaud". Ces textes légaux ont pour but de définir les règles de vie en société et, en l'occurrence, d'éviter autant que faire se peut, la survenue d'un incendie. Ainsi, on peut lire dans les coutumiers du Pays de Vaud : "Art. 28 Cheminées et fours visiter. Les cheminées seront visitées deux fois par ans, et si elles se trouvent pas nettes, on payera le bamp de cinq florins au profit des visitateurs qui auront soin de voir si les fours sont en bon état. [sic]". Ces prescriptions évoueront au fil des siècles.                                                                                                                

© Ville de Lausanne
Extrait de l'ouvrage "Les sources du droit du canton de Vaud - Les coutumiers du Pays de Vaud à l'époque bernoise, 1536-1798, 2ème partie", Regula Matzinger-Pfister, Bâle 2010.

Dès 1836, diverses interventions politiques et citoyennes parviennent à la Municipalité, demandant la création d’une compagnie de pompiers, dotée de matériel et instruite au maniement des pompes.

En 1866, au terme de nombreux débats politiques, le nouveau règlement pour le service de sûreté en cas d’incendie entre en force et institue, pour la première fois, un commandant du feu et une Commission du feu. Les hommes de ce service de sûreté sont alors tous des volontaires qui viennent des zones urbaines et foraines de la ville de Lausanne.

Ce n’est qu’en 1882 que le préfet du district de Lausanne approuve un nouveau règlement, stipulant que désormais une organisation militaire, soit un bataillon avec des compagnies et le port de grades et d’insignes, remplacerait l’ancienne structure des services spéciaux. Ainsi naquit le premier bataillon de sapeurs-pompiers de Lausanne!

Les ordonnances et règlements de police du feu, quant à eux, ont également évolués, jusqu’à l’aboutissement de la dernière version du Règlement sur la Police du feu de la Commune de Lausanne, version 2024.

C’est en finalité plus de 600 ans de lutte et de règlementation contre les incendies qui jalonnent l’histoire lausannoise.

Coordonnées

Police du feu
Service de protection et sauvetage

Rue de la Vigie 2
1003 Lausanne