Gestion des eaux claires
Le contexte actuel de réchauffement climatique global appelle les professionnel∙le∙s du bâti à mieux gérer les eaux claires dans leur projet. Le Service de l’eau propose ici des marches à suivre.
En vue d’appliquer les concepts de la ville éponge, un outil important pour répondre aux objectifs du Plan Climat, le Service de l'eau encourage les professionnel∙le∙s du bâti à réaliser des mesures de gestion des eaux claires avec un faible impact sur l’environnement. Avec ce changement de paradigme, l’eau ne doit plus être considérée comme un déchet, mais comme une ressource. Ainsi la gestion des eaux n’apparaît plus comme une contrainte, mais comme un objectif pour la mise en valeur optimale de l’eau.
Les règlements applicables à Lausanne
Loi fédérale sur la protection des eaux (LEaux), l’ordre des priorités sont indiqués dans l’Art.7: 1. la perméabilisation des surfaces ; 2. l’infiltration des surfaces imperméables ; 3. le raccordement au réseau.
Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux (RETE)
Directive municipale relative aux mesures de gestion des eaux claires
Directive municipale sur les taxes d’évacuation et de traitement des eaux
Dans la «Directive municipale relative aux mesures de gestion des eaux claires», il est dit que lors d’une demande de permis de construire, des mesures de gestion des eaux claires sont exigées pour une parcelle privée lorsque la superficie totale des nouvelles surfaces imperméables liées à une nouvelle construction est supérieure à 350 m2. Lors de transformations d’un bâtiment existant, la gestion des eaux claires est exigée pour lors de la transformation ou la rénovation d’une toiture plate existante de plus de 250 m2. En cas d’agrandissement d’une toiture existante, la limite se situe également à 250 m2.
Comment évacuer les eaux claires de manière optimale?
En prenant en compte la Directive municipale cité plus haut, voici comment l'appliquer de manière optimale, en suivant l’ordre des priorités spécifié dans la loi:
Perméabilisation des surfaces
Il est préférable de limiter les surfaces construites et de conserver au maximum les espaces verts naturels. La première priorité de la loi consiste en perméabiliser les surfaces: un chemin d’accès ou une place extérieure peuvent être réalisés en pavés drainants, plutôt qu’avec un enrobé bitumineux. Il est préférable d’opter pour des dalles gazons plutôt qu’un béton drainant.
Îlots de chaleur urbains
En effet, les surfaces vertes, si elles permettent de mieux infiltrer l’eau, remplissent des services écosystémique tels que l’abattement des pollutions de l’eau, la favorisation de la biodiversité et la réduction des îlots de chaleur urbains. En contexte de réchauffement climatique, ce dernier point constitue d’un avantage important.
Les surfaces perméables ne doivent pas être raccordées au réseau d’évacuation par un caniveau ou une grille de sol. Seuls les caniveaux situés au droit des portes sont autorisés, mais doivent se situer sur un point haut. Enfin, les eaux s’infiltrant dans les surfaces perméables ne doivent pas être récupérés par des drains, sinon les surfaces perméables perdent leur fonction et le cycle de l’eau est brisé. Par temps secs, les eaux souterraines sont évacuées et les sols asséchés, empirant ainsi la situation.
Selon la Directive précitée, pour les éléments ajourés, le taux de perméabilité interstitiel – le rapport entre ce qui est perméable et ce qui ne l’est pas – doit être de minimum 15% pour que la surface soit considérée comme imperméable. Ce qui signifie que 15% doit être perméable, contre maximum 85% imperméable.
Infiltration des surfaces imperméables
Les mesures d’infiltration des surfaces imperméables appliquent intrinsèquement les concepts de la ville éponge. L’infiltration diffuse est à privilégier à l’infiltration ponctuelle. Ainsi nous pouvons mentionner les noues d’infiltrations qui remplissent des services écosystémique et peuvent s’inscrire favorablement dans le concept paysager du projet.
Le fond de la noue – à attendre par là un plan d’eau – peut d’ailleurs être imperméabilisé pour garantir un niveau d’eau permanant, ce qui est favorable à la biodiversité.
Les surfaces gérées par infiltration diffuses ne sont pas soumises aux taxes liées aux eaux claires (taxe unique et taxes annuelle, voir ici pour plus de précisions), tandis que les surfaces gérées par infiltration ponctuelle bénéficient d’un rabais de 85% sur ces deux taxes. Il s’agit d’un avantage par rapport aux ouvrages de rétention dont les surfaces raccordées bénéficient d’un rabais de 75% sur ces taxes.
Rétention
L’eau pluviale s’accumule dans un volume défini et s’évacue dans les collecteurs avec un débit régulé permettant au volume d’être à nouveau disponible lors des prochaines averses. Au-delà du volume défini, une surverse permet l’évacuation du débit sans restriction. La rétention peut se faire par plusieurs moyens, les plus connus étant le bassin de rétention enterré et la rétention sur toiture végétalisée. En d’autres termes, le bassin de rétention doit être vidé en quelques heures après la pluie.
Face aux défis du réchauffement climatique, certaines techniques de rétention sont à privilégier.
En effet, le bassin de rétention, s’il permet de remplir les exigences de la Directive municipale cité ci-dessus, ne remplit aucune autre fonction écosystémique. Il nécessite également un entretien annuel relativement conséquent. De fait, cette solution n’est pas à privilégier.
Les bassins de rétention sont des écosystèmes très appréciés des moustiques tigres. Cette espèce invasive de moustiques est très contrôlée par les autorités vaudoises, pour plus d'information se rendre sur la page du Canton de Vaud.
En cas de construction d’une toiture plate, il est recommandé de privilégier la rétention sur les toitures végétalisées. La plus-value de cette installation réside dans le fait que l’eau va servir à alimenter l’écosystème du toit. Cela évite également la construction d’un ouvrage pour gérer les eaux pluviales, réduisant significativement l’énergie grise liée à la construction. Ainsi, seules les eaux provenant des aménagements extérieurs et des terrasses resteront à gérer.
Une solution à préconiser est de réaliser une noue ou un étang de rétention – à ne pas confondre avec les noues d’infiltration, bien qu’une solution conjointe combinant les deux fonctions est possible –, plutôt qu’un bassin en béton. La noue de rétention a un fond imperméable et est raccordé au réseau d’évacuation. Les étangs étant des niches écologiques, ces bassins permettent ainsi de remplir de multiples fonctions écosystémiques, par exemple d’encourager la biodiversité et de réduire les îlots de chaleur.
Penser son projet en amont
Notre but est de montrer qu’en abordant les aspects de l’eau en amont du projet, il est non seulement possible d’y intégrer et valoriser le rôle de l’eau, mais en plus de réduire les couts liés au respect de la Directive lausannoise. Ainsi, en envisageant les diverses possibilités, il est très souvent possible de se passer totalement de la construction d’un bassin de rétention enterré, au profit d’autres mesures de gestion des eaux moins onéreuses, tant en terme de réalisation qu’en terme d’exploitation.
La combinaison des diverses méthodes de gestion des eaux pluviales est également possible et permet souvent de s’adapter au mieux aux différentes contraintes de la construction.
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