Trouver sa voie avec l’ikigaï
La balle acrylique glisse sur les mains et le long des bras de Nicolas Roos, alias Delarose. Ces mouvements poétiques canalisent l’esprit vif du trentenaire souriant. Un moment magnétique en compagnie de celui qui vit selon une philosophie japonaise singulière.


25 ans de normalité, 10 ans d’intuition
Nicolas a essayé de vivre une vie normale. Selon ses termes: «une vie où on ne peut pas être pleinement soi-même». Pendant 25 ans! Et puis, ce Français d’origine a choisi d'écouter son cœur et de partir en voyage. Il y a été pendant longtemps, notamment «en voilier, de la France à la Colombie, sur l’Atlantique», puis en fourgon, pratiquant le spectacle de rue avec sa balle magique qui hypnotise les foules. Alors qu’il explore le monde, son sac sur le dos, il ressent que quelque chose va mal. Il en comprend l’origine: «je me sentais inutile». Quelque temps plus tard, en pleine retraite dédiée au silence et à la méditation, il prend conscience qu’il fuit ses envies profondes. L’une d’elles est «que les enfants neuroatypiques puissent être acceptés comme ils sont». Il écoute également son intuition: «aider les enfants et les adolescents à avoir ce que je n’ai pas eu». Intuition qui le guide depuis 10 ans maintenant, et qui l’a amené à organiser de nombreux événements pour des familles ainsi qu’à écrire un livre-témoignage Dans la peau d’un enfant atypique.


Avec le sourire, sans retraite
Ce qui guide Nicolas en Suisse n’est pas son intuition, mais 2 festivals où il se produisait comme musicien et conférencier. Il profite de sa venue pour se baigner dans le lac Léman. «Je me suis dit que j’avais envie de pouvoir faire ça tous les jours» et il le fait, en s’installant dans notre beau pays. C’est aussi simple que ça, avec Nicolas. Et ça s’explique par sa philosophie de vie, venue du Japon: l’ikigaï. Le trentenaire au grand sourire la décrit par 2 questions à se poser: «qu’est-ce que je pourrais faire pour me donner le sourire tous les jours?» et «qu’est-ce qui me plaît tellement que je ne voudrais jamais prendre ma retraite?» Une façon de vivre que Nicolas découvre par hasard et qui a tout changé dans son quotidien


La philosophie ikigaï
L’ikigaï signifie «une vie qui vaut la peine d’être vécue», traduction que Nicolas a parfaitement intégrée. Il développe l’ampleur de cette philosophie: «l’apprentissage de l’émerveillement fait partie de cette hygiène de vie. Il y a aussi un éloge de la simplicité, qui passe par un questionnement profond allant à l’encontre de ce que la plupart des enseignants et des parents disent aux enfants. Et il est essentiel d’être connecté à soi, de se souvenir qu’on a toutes et tous quelque chose d’unique à apporter au monde.» Il évoque le schéma répandu de l’ikigaï, situé au croisement de 4 éléments représentés par 4 cercles. Il énumère lesdits éléments: «ce pourquoi on se sent douée ou doué, ce qu’on aime faire, ce qu’on ressent subjectivement dont le monde a besoin et ce qui peut être rémunérateur». Si le croisement de Nicolas se dessine par la transmission au travers d’animations «pour soutenir l’éveil du potentiel des enfants et des adolescents sans les juger, en les écoutant et en étant là pour eux», il tient à préciser que l’Ikigaï peut, soit changer, soit être plusieurs choses.


Un atelier ikigaï pour les 12-16 ans
Nicolas semble tant animé par l’ikigaï qu’il pourrait en parler pendant des heures. Sa particularité: il permet aux enfants de vivre une approche ludique de cette philosophie. Le 20 octobre prochain, il compte bien offrir aux participantes et participants «l’opportunité de réfléchir sérieusement à la manière de réaliser leurs rêves en présence d’un adulte qui en a réalisé un paquet». Pour ce faire, l’atelier commencera par un temps de présentation. S’en suivront quelques jeux, puis un temps d’introspection, avant de terminer par un moment de partage. Nicolas explique faire ça avec des ados parce que pour lui: «entre 12 et 25 ans, le but idéal est d’expérimenter pour trouver ce qui nous fait vibrer sans nous demander un effort».


Je pense, donc c’est chouette!
Nicolas organise ce genre d’animations main dans la main avec l’association Je pense donc c’est chouette. Formé à l'animation d'ateliers philo depuis 2018, il rêvait d'en faire son métier. C'est la rencontre avec Louise Roduit, co-fondatrice de l'association, qui déclenche le début de cette belle collaboration. Depuis, les activités se succèdent. Nicolas évoque les fameux philo-brunch organisés en partenariat avec le Zinema, les nouveaux ateliers ikigaï et les futurs ciné-philo, dont l'idée est de partager autour d’un film. Je pense donc c'est chouette, ce sont maintenant 4 philosophes passionnés qui souhaitent aider enfants, adolescents et adultes à développer leur esprit critique et à penser par elles-mêmes et eux-mêmes. Son sourire ne désemplit pas à cette évocation. Et ça a été le cas tout au long de cette entrevue! Il est clair que Nicolas dédie son quotidien à son ikigaï. Il en rayonne d’une façon si particulière qui ne pourra pas échapper aux ados présents à l’atelier du 20 octobre à la Bibliothèque Chauderon!
Atelier Ikigaï avec Nikola Roos
Bibliothèque Chauderon
Service des bibliothèques et archives
Place Chauderon 11
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