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Un conte inédit pour les Fêtes, signé Plume & Pinceau

C’est désormais une tradition: nous vous offrons un conte inédit pour accompagner les Fêtes de fin d’année. Le duo Plume & Pinceau a rempli la mission avec bonheur et nous propose «Les mots doux de Lou», une histoire originale et qui fait du bien.

© Jenay Costantini

Les mots doux de Lou

À Lausanne, il faisait froid,
très froid, cette nuit-là.
Mais cela n’empêcha pas
Lou, Clémence et Aldo
de s’échapper du beffroi
pour une chasse aux cadeaux
à l’attention de leur protégée:
si, si, elle l’avait bien mérité!

Les magasins étaient ouverts
et les chalets du marché aussi.
La ville baignait dans la lumière:
il y régnait une sorte de magie.
L’ambiance était chaleureuse,
un brin chaotique et joyeuse.

Cet insolite trio se retrouva
sur le parvis de la cathédrale.
Par ici? Ou plutôt par là?
Ils zigzaguaient dans le dédale
des rues et des ruelles
à la recherche de la plus belle
idée-cadeau. Avec ce choix,
pas tout simple ma foi!

Ça leur donnait le tournis
tout ce monde partout
et ces objets à l’infini.
C’était un peu beaucoup.

Soudain, Aldo s’arrêta:
«Vous avez vu tout là-bas
cette belle horloge en bois?
J’ai trouvé mon idée je crois!»
Il ouvrit son porte-monnaie:
il avait juste de quoi payer.

Un peu plus loin, Clémence
dégusta du bon chocolat:
«Délicieux! Quelle chance!
Je suis sûre que ça lui plaira.»
Elle sortit des sous brillants
et en acheta sur-le-champ.

Il ne restait plus que Lou
qui elle, de son côté,
n’était pas très inspirée
et hésitait sur tout.

Un bijou? Pourquoi pas.
Oh non! Ou plutôt ça?

C’est original du thé non?
En plus, c’est fait maison.

Les deux autres commençaient
à sérieusement s’impatienter.
«Lou, tu veux bien te décider?  
On ne va pas y passer la soirée!»

C’est alors que Lou vit,
devant elle, une papeterie.
Elle y entra de suite
suivie de ses deux acolytes.

Il y avait là quantité
de stylos, plumes, crayons,
et de très jolis papiers
pour toutes les occasions.

«Eureka! J’ai mon cadeau.
Je vais lui écrire un mot.»
Elle chercha dans sa sacoche
(car elle n’avait pas de poches)
et paya, avec des billets colorés,
un stylo et une feuille de papier.

De leur côté, Clémence et Aldo
n’étaient pas convaincus:
que des mots, c’était ballot!
Elle risquait d’être déçue.

Quoi qu’avec les mots blessants
que l’on dit ou reçoit souvent,
ça fait toujours chaud au cœur
des mots doux et guérisseurs.

Et comme Lou avait finalement
su prendre une décision,
CHUT! ce n’était pas le moment
de tout remettre en question.

Tout guillerets, les trois amis
revinrent alors sur leurs pas.
Ils se retrouvèrent sur le parvis
devant la grande porte en bois.

Pour accéder à la poignée,
ils se firent la courte échelle.
Ils manquèrent de tomber
mais essayèrent de plus belle
jusqu’à enfin y parvenir
entre quelques fous rires.

Ils remontèrent le beffroi
par l’escalier en colimaçon
et regagnèrent tous trois
leur petite loge-maison.

Clémence et Aldo prirent soin
d’emballer leurs cadeaux
et les placèrent l’air de rien
sur la table du bureau.

Lou quant à elle se mit à écrire
une lettre avec des mots doux.
Ça la fit pleurer et aussi sourire.
En vrai, ça lui fit un bien fou!
Et quand elle eut fini, elle la mit
à côté des cadeaux de ses amis.

Puis ils se turent et attendirent
que la guette daigne bien venir.
C’était l’heure de la criée,
elle devait bientôt arriver.

Pas, pas, pas dans l’escalier…
Clé, clé, clé, tourne la clé…
Lu, lu, lumière allumée…
«Oh!» s’était-elle exclamée
en découvrant les cadeaux
qui trônaient sur le bureau.

Elle regarda autour, étonnée:
qui donc les avait déposés?
Personne n’entrait guère ici
si ce n’est les guets, de nuit.

La guette les ouvrit un à un:
une horloge en bois de sapin,
du délicieux chocolat
et une lettre qui suscita,
en elle, un grand émoi.
Elle sourit et pleura aussi.
En vrai, quel bien cela lui fit!
Mais d’où venait tout cela?

Elle eut beau chercher,
nulle part elle ne trouva
un indice pour l’éclairer
alors… Elle renonça.

Et si certains mystères
plutôt que d’être élucidés
méritaient juste d’être
laissés ainsi et perdurer?

Rêveuse, elle regarda
l’heure sur l’horloge,
prit un bout de chocolat
et sortit hors de la loge

… Lou, la lanterne, à bout de bras
… Clémence, la cloche, sous le toit
… Aldo, le chapeau, sur la tête

et elle cria: «C’est la guette!
Il a sonné dix! Il a sonné dix!».

On raconte qu’après cette nuit
des cadeaux et des mots doux
apparurent un peu partout,
à Lausanne et ailleurs,
réchauffant nombre de cœurs.

Et qu’en vrai, bien souvent,
cela faisait tout autant
de bien de les concevoir
que de les recevoir.

C’est la fin de cette histoire
et le début d’autres histoires…

Texte: Noémie Pétremand, 24.11.2025
Illustration; Jenay Constantini, novembre 2025