Portrait des Éditions art&fiction

L'interview de Véronique Pittori, éditrice, et Marie Walpen, coordinatrice de projets

Pouvez-vous nous raconter comment sont nées les Éditions art&fiction?

Véronique: Deux artistes plasticiens (Stéphane Fretz et Christian Pellet), très vite rejoints par 4-5 autres créateurs, ont créé un collectif pour fabriquer eux-mêmes, de A à Z, les livres d’artistes dont ils rêvaient.

Quelle est la démarche poursuivie, la ligne éditoriale au sein d’art&fiction?

Véronique: En précurseur, les Éditions art&fiction, ont créé un cadre éditorial pour des projets qui font dialoguer texte et image. Aujourd’hui, on voit que cette ouverture se retrouve chez maints éditeurs et dans une réflexion de valorisation de l’objet livre plus générale.
Marie: De prêt ou de loin, chaque publication d’art&fiction est en relation avec les arts visuels. Les images - de façon un peu évidente - et les textes ont une singularité plastique. Chaque collection accueille ensuite cette singularité et la met en lumière ou en page à sa manière.

art&fiction, éditions d’artistes: qu’est-ce que cela signifie concrètement?

Véronique: Le soin apporté à l’objet livre autant qu’à la réflexion autour des projets. L’échange très nourri avec les artistes et les gens en lien avec l’art. Et aujourd’hui plus que jamais, l’intersectionnalité des genres qui est à la base d’art&fiction et qui n’a cessé de se fluidifier, de s’amplifier.

Marie: Encourager la curiosité et le questionnement des genres et la classification. Déconstruire et proposer des livres singuliers. Créer du lien entre les livres, entre leurs auteurs et autrices et les artistes. Jouer avec tout cela.

Avez-vous un livre fétiche ou une autrice ou auteur qui vous a particulièrement marqué au cours de votre parcours professionnel?

Véronique: «Mode de vie», le livre des 10 ans de l’association, qui est à la fois une bibliothèque de 115 livres et un labyrinthe de mots-clés que la lectrice ou le lecteur peut aborder depuis n’importe quelle entrée. Un personnage: le cas du mystérieux collectionneur Bertram Rothe, qui se promène dans plusieurs publications des éditions, est également emblématique de la poésie créée par cette maison d’édition.
Marie: «Un jour à la P.C», d’Alexandre Loye, ainsi que son périodique «Table à soi». Les textes d’Alexandre Loye me touchent particulièrement, sa sensibilité, sa sincérité, son regard sur le monde. La justesse de ses mots emprunts de philosophie, parfois d’humour et de drôlerie, sont, selon moi, un cadeau à la littérature. De plus, tous ses livres sont manuscrits, ce qui en fait des objets singuliers et particulièrement beaux.

Quelles sont les prochaines publications et actualités des Éditions art&fiction?

Un récit graphique qui sort en mars, intitulé «La médaille» et illustré par une extraordinaire dessinatrice, Débora Beuret-Strambini. À l’origine, une pièce de théâtre écrite pour les enfants de l’autrice guyanaise Marie-Thérèse Picard. La pièce sera simultanément donnée au Théâtre de Vidy – Lausanne dans une adaptation de Marielle Pinsard.