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Portrait des Éditions La Veilleuse

Nous faisons connaissance avec la Veilleuse, jeune maison d’édition lausannoise. Rencontre avec Florence Robins et Arthur Billerey, deux passionnés qui militent «toujours plus pour l’imagination et la liberté d’interpréter».

© Droits réservés

L’interview de Florence Robins et Arthur Billerey, fondatrice et fondateur des Éditions La Veilleuse

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre et les débuts des Éditions La Veilleuse?

Arthur: Nous nous sommes rencontrés à un salon du livre de Fribourg. Florence travaillait aux Éditions l’Âge d’Homme et moi aux Éditions de l’Aire. J’ai été interpellé par une couverture que Florence avait réalisée et nous avons échangé au sujet de l’importance du soin accordé au livre-objet. Ensuite nous avons pu solidifier notre lien en travaillant tous les deux aux Éditions d’en bas, avant de fonder La Veilleuse sur une vision commune de l’édition.

Quelle est cette vision commune et quelles sont les valeurs principales et la ligne éditoriale des Éditions La Veilleuse?

Florence et Arthur : Lire, pour nous, c’est se réveiller, s’émouvoir, étoffer sa connaissance, voyager dans le temps, changer de corps, aimer autrement, s’interroger, contester, questionner les valeurs et les croyances de l’idéologie dominante. Dans une perspective engagée, décoloniale et sensible aux luttes émancipatrices, l’engagement éditorial de La Veilleuse se veut aussi intersectionnel, féministe, antiraciste, attentif aux écrits LGBTQIA+.

Nous souhaitons accompagner pleinement chaque projet éditorial, avec un suivi de proximité, une réflexion artistique rigoureuse, le tout, porté par une ligne graphique soignée, jusqu’à sa forme la plus claire, la plus aboutie, et ce afin de la faire vivre par l’échange. Nous souhaitons explorer la littérature contemporaine et ses marges, comme l’écriture issue des franges urbaines, ou de toute forme alternative de la pensée.

La Veilleuse est porteuse d’imaginaire et d’engagement. Éditer, aujourd’hui, ce n’est pas seulement révéler une œuvre, c’est travailler attentivement avec l’ensemble des actrices et acteurs du milieu. C’est se reposer la question de la fonction sociale du livre et de la lecture. C’est, de l’acte de création du livre à sa promotion, adopter une forme d’écologie du livre. C’est veiller les uns sur les autres à l’intérieur d’un écosystème précieux et solidaire. C’est militer toujours plus pour l’imagination et la liberté d’interpréter.

Au sein de votre catalogue, une place importante est accordée à la poésie, et notamment la poésie traduite: pourquoi ce choix?

Arthur: La poésie est capitale pour nous car elle est liée à notre parcours. Florence est une grande lectrice de poésie traduite et de mon côté, j’écris de la poésie depuis le début de mon adolescence. Aux Éditions La Veilleuse, nous publions quatre recueils de poèmes par an, dont un recueil traduit. Après l’espagnol et le roumain, nous venons de publier un recueil traduit de l’italien de Yari Bernasconi par Anita Rochedy: «La Maison vide». Pour la première fois en Suisse romande, nous sortirons aussi en mars l’anthologie officielle en lien avec le Printemps de la poésie autour du thème des enchantements.

Avez-vous un livre fétiche ou une autrice ou auteur qui vous a particulièrement marqué au cours de votre parcours professionnel?

Arthur: «Des accessoires pour le Paradis» (2009) de Marie-Jeanne Urech. Après mon master dans l’édition du livre, je cherchais du travail et je suis tombé dans une brocante en Franche-Comté sur ce livre, suite à quoi j’ai postulé aux Éditions de l’Aire qui m’ont embauché. Ce livre est intimement lié à mon aventure dans l’édition du livre en Suisse.

Florence: «The Bone People» (1984) de l’autrice néo-zélandaise Keri Hulme est une histoire d'amour et de violence qui très jeune m’a appris l’importance de trouver sa voix et lire autrement. Une écriture décoloniale, poétique, viscérale et dérangeante qui prend en compte le choc entre les cultures Maori et européennes. Hulme a passé de nombreuses années à travailler sur ce roman, mais n'a pas réussi à trouver un éditeur qui respecte sa voix; il a finalement été publié par un petit collectif féministe avant de devenir un des romans les plus controversés du Booker Prize.

Quelles sont les prochaines publications et actualités des Éditions La Veilleuse?

En 2025, nous publierons en avril «Calcaires» de l’écrivain biennois Antoine Rubin, en mai paraîtra «Dead drop» le premier roman noir de la rappeuse lausannoise La Gale et en juin «Corps perdus» de Lou Lepori, ainsi que le premier recueil du poète haïtien Benoit D’Afrique: «Paroles en état de siège». Nous serons présents à Genève, Paris, Bruxelles et Soleure.

Propos recueillis par Fanny Meyer, déléguée à la politique du livre

La carte d'identité

  • Nom de la maison d’édition: Éditions La Veilleuse
  • Année de fondation: 2022, premières parutions en automne 2023;
  • Nombre de collaborateurs et collaboratrices: 2 fixes, et plusieurs externes au mandat;
  • Type d'ouvrages publiés: roman, récit, poésie, essai, beaux livres;
  • Nombre d’ouvrages publiés par année: 15;
  • Ouvrages représentatifs de la maison: «Hippocampe» d’Eva Marzi; «Comme de l’eau dans l’eau» de Myriam Wahli; «La double nuit du lac» de Julien Burri.
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Le coup de cœur

Le petit catalogue confectionné par mon collègue Arthur au format original d’une boîte de bonbons Ricola.