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Timea Bacsinszky

Timea Bacsinszky est joueuse professionnelle de tennis depuis ses 15 ans. Elle a évolué dans le Top 10 mondial, remporté une médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 et été demi-finaliste de Roland Garros à deux reprises. Si les prize money des tournois du Grand Chelem sont désormais les mêmes pour les hommes que pour les femmes, les inégalités persistent dans de nombreux domaines.

© Ville de Lausanne / Loris Raselli

Qu'est-ce que le sport vous apporte?

Le sport m’a toujours apporté énormément de bien-être, que ce soit lorsque je m’entraîne en tennis en vue de compétitions ou lorsque je fais d’autres sports pour moi, pour le plaisir. Il contribue à mon équilibre et me permet de me sentir bien dans ma tête et bien dans mon corps.

Qu'est-ce qui vous motive dans votre pratique?

Ce qui m’a toujours fait vibrer, ce sont les grands événements sportifs tels que Roland Garros et les autres tournois du Grand Chelem, ainsi que les Jeux Olympiques. Jouer devant tant de monde et grimper dans la hiérarchie mondiale m’a énormément motivée. Je suis fière d’avoir pu le faire et de ce que j’ai atteint.

Pourquoi avoir choisi le tennis?

Cela n’a pas été un choix, ou du moins pas le mien. C’est mon papa qui m’a imposé ce sport, que j’ai appris à aimer ensuite. Si j’avais eu le choix, plus jeune, j’aurais voulu faire du football ou du handball.

Pourquoi chaque fille et femme devraient pratiquer une activité physique?

Peu importe le sport, nous devrions toutes pratiquer une activité physique régulière tant les bienfaits sont multiples. Le sport est idéal pour notre santé, pour nous vider la tête, pour nous sentir mieux dans notre corps, pour rencontrer des gens!

Il existe d’ailleurs une kyrielle de disciplines sportives, il faut choisir celle qui nous plaît le plus et se lancer, avec plaisir. Le plaisir doit être à la base de toute activité.

Lorsqu’on débute un sport, il ne faut pas avoir d’a priori sur ses capacités personnelles. Chaque individu est différent, ne nous comparons pas aux autres et gravons les marches de notre propre escalier. Et soyons fières des progrès réalisés!

Quelles sont les principales discriminations de genre que vous avez vécues dans votre pratique sportive?

Il existe de nombreuses inégalités de genre dans le tennis aussi, malheureusement.

Le prize money, ce que l’on touche lors des tournois, a été longtemps très inégalitaire. Désormais, le prix reçu par les femmes et les hommes est le même lors des tournois du Grand Chelem, ce qui est une avancée majeure, mais ce n’est pas le cas lors des autres tournois. En outre, les hommes ont beaucoup plus de tournois organisés que les femmes durant toute l’année, le prize money est ainsi bien mieux réparti parmi les joueurs du classement. Notre rémunération à nous sera moindre.

Lorsque j’étais adolescente, un sponsor m’a en outre refusé un contrat non pas pour mon niveau tennistique (j’étais dans le Top Ten des meilleures joueuses juniors) mais parce que je n’étais, selon lui, pas suffisamment jolie. C’est d’ailleurs assez emblématique de ce que nous vivons dans le monde du sport: il est attendu des femmes qu’elles soient resplendissantes, fraîches et maquillées lorsqu’elles pratiquent du sport, et le tennis n’en fait de loin pas exception.

Pourtant, les femmes peuvent, au même titre que les hommes, avoir des ambitions dans le sport. Nous sommes aussi des battantes, nous pouvons également aimer la compétition et vouloir gagner, avec ou sans le sourire.

On entendra enfin souvent que le jeu des hommes est plus spectaculaire, plus intelligent que celui des femmes qui, elles, ne font que de frapper, courent moins vite et ratent leurs services. Plus jeune, cela me touchait beaucoup, d’autant que j’ai bâti toute ma carrière sur des propriétés plus tactiques que physiques. Puis j’ai appris à y faire totalement abstraction. Je n’écoute plus et poursuis mon petit bonhomme de chemin. Je suis fière de ce que j’ai accompli. N’oublions pas que nous jouons au tennis avec les mêmes règles et le même terrain que les hommes.

Quel est votre souhait pour l'avenir, en matière d’égalité dans le sport?

Mon souhait pour l’avenir, c’est que les femmes et les hommes aient les mêmes traitements, la même couverture médiatique, la même rémunération, le même respect, la même considération. Partout dans le monde.

Je souhaite également que toutes les femmes qui le souhaitent puissent pratiquer du sport librement, qu’elles soient entourées de personnes bienveillantes et puissent croire en leurs rêves. On est capables de tout, nous n’avons pas de limite, ne nous en laissons pas imposer.

Pourquoi vous êtes-vous impliquée dans la campagne «Laissons les stéréotypes au vestiaire» de la Ville de Lausanne?

Dans les clubs de tennis lausannois, il y a seulement 28% de femmes alors que le tennis est le 4ème sport le plus pratiqué par les femmes en club à Lausanne! Cela montre que la route est longue. La tenue du Ladies Open à Lausanne depuis 2019, seul tournoi WTA en Suisse, contribuera j’espère à inspirer les jeunes filles.

Le rapport récemment publié par la Ville de Lausanne démontre l’importance des Role Models. En tant qu’athlète d’élite, j’estime que c’est mon rôle de montrer les bienfaits du sport. Si je peux convaincre ne serait-ce qu’une personne à en faire, alors je serai heureuse.   

Même si il y'a aujourd'hui des améliorations notoires, il reste encore du chemin à faire pour atteindre l’égalité dans le sport. Je salue ainsi la démarche de la Ville de Lausanne. Tout ce qui peut enlever des freins à la pratique du sport et promouvoir l’égalité est positif et bienvenu!