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Nadine Blanchard

En parallèle de ses études en sciences du sport, Nadine Blanchard pratique l'haltérophilie et évolue sur la scène internationale. Lorsqu'elle ne s'entraîne pas, elle entraîne et partage son expérience auprès des membres de son club dans le but d'encourager d'autres femmes à pratiquer ce sport sans se soucier des conventions sociales et de briser les stéréotypes de genre.

© Ville de Lausanne / Anthony Duriez

Qu'est-ce que le sport vous apporte?

Le sport représente bien plus qu'une simple activité physique pour moi. Il a été un réel catalyseur positif dans ma vie. Il incarne la liberté, la confiance, les relations sociales, l'amitié, la communauté, le plaisir, et une opportunité d'affirmation personnelle et féminine. Sa présence dans ma vie est véritablement bénéfique et contribue à mon épanouissement en tant que personne équilibrée et affirmée.

Pourquoi avoir choisi l'haltérophilie?

Comme beaucoup d’haltérophiles modernes, j’ai débuté par le CrossFit et c'est dans le cadre de cette pratique que j'ai découvert l'haltérophilie.

Le Crossfit à la particularité d’encourager les athlètes à travailler sur leurs points faibles. Au départ, l'haltérophilie était mon point faible, mais en m'investissant pleinement, j'ai progressé et j'y ai pris goût. J'ai participé à ma première compétition régionale, puis nationale et ensuite tout s’est enchainé très vite. J’ai été repérée et sélectionnée en équipe suisse et j'ai eu la chance de participer à des compétitions internationales.

Ce qui m'a séduit dans ce sport, c'est surtout le côté perfectionniste qui exige une exécution précise et parfaite des mouvements. Aujourd'hui, cette passion m'anime toujours, et l'haltérophilie est devenue une source inépuisable de satisfaction et de motivation à repousser mes limites au quotidien.

Est-ce que le fait que votre sport soit connoté masculin a été une difficulté?

Le fait que l'haltérophilie soit connotée comme un sport masculin n'a pas été une difficulté pour moi, mais plutôt un défi que j'ai choisi d'affronter dès le début. Plutôt que de le voir comme un obstacle, j'ai décidé d'aborder ce sport comme une occasion de me surpasser davantage. C'était, et c'est toujours, un catalyseur qui m'a motivée à donner le meilleur de moi-même, à prouver que les femmes peuvent exceller dans ce sport et qu'elles ne sont pas moins talentueuses que les hommes.

Je suis consciente des différences biologiques entre hommes et femmes, mais je crois fermement que l'haltérophilie repose également sur la technique de mouvements et la stratégie d'entraînements. Ces aspects ne sont pas déterminés par le genre, mais par la détermination et le travail acharné.

L'haltérophilie est accessible à tout le monde, indépendamment du sexe. En m'investissant pleinement dans ce sport, je suis aujourd'hui en mesure de rivaliser avec les hommes. Cela me permet de petit à petit briser les stéréotypes de genre en prouvant que les femmes peuvent exceller dans n'importe quel domaine, y compris ceux traditionnellement associés aux hommes.

Dans l'ensemble, le fait que l'haltérophilie soit perçue comme un sport masculin n'a pas été un frein pour moi, mais plutôt une source de motivation à repousser sans cesse mes limites et montrer que les femmes ont toute leur place dans ce domaine. Je suis fière de mon parcours et du message que je véhicule, encourageant d'autres femmes à poursuivre leurs passions sans se soucier des conventions sociales.

Vous vous engagez au quotidien pour que votre club, le CLHM, voie son mouvement féminin grandir. Quelle forme prend cet engagement?

Mon engagement au Club Lausannois d'Haltérophilie et de Musculation (CLHM) consiste à entraîner depuis janvier 2023. Mon rôle vise à inspirer les femmes du club en démontrant leur capacité à exceller dans ce sport et en déconstruisant les stéréotypes.

En tant qu'haltérophile compétitrice, je partage mon expérience pour encourager la participation féminine et offrir un modèle positif. Ma présence en tant que coach féminine apporte réconfort, bienveillance et confiance aux nouvelles adhérentes, les incitant à se joindre au mouvement.

De plus, les nouvelles installations aux Halles sportives de Beaulieu ont augmenté la visibilité et l'attrait de mon sport, et ce particulièrement pour les femmes. Ces infrastructures modernes facilitent la pratique de l'haltérophilie et favorisent l'expansion du mouvement féminin.

En résumé, mon rôle de coach au CLHM vise à éliminer les idées préconçues et à créer un environnement accueillant. Mon expérience personnelle, combinée à l'impact positif des installations de Beaulieu, contribue à renforcer la participation et la croissance du mouvement féminin au sein du club.

Quels conseils donneriez-vous à un club qui souhaite développer son mouvement féminin?

Pour favoriser le développement du mouvement féminin, il est essentiel d'avoir des femmes aussi bien dans l'encadrement que dans l'administration, au sein des comités. De plus, il faudrait, selon moi:

  • encourager les compétitions féminines pour stimuler l'engagement;
  • allouer des ressources équivalentes à celles des hommes pour les initiatives féminines;
  • créer un environnement sans stéréotype, où les femmes se sentent valorisées et compétentes afin d’assurer un espace accueillant et rassurant pour favoriser la participation et la croissance.

Que diriez-vous à une fille qui hésite à débuter un sport «dit» masculin, notamment l’haltérophilie?

Je l'encouragerais à se lancer sans hésitation, à ignorer les jugements extérieurs et à suivre sa passion sportive, car selon moi, la passion gagne toujours. Les réalisations des femmes dans ce sport prouvent que c'est possible. Je lui montrerais également des exemples inspirants et lui expliquerais à quel point il est gratifiant de pratiquer ce sport. Changer sa perspective sur l'excitation et la confiance en soi que peut apporter le sport serait ma priorité pour la motiver à s'engager dans l'haltérophilie.

Quelles sont les principales discriminations de genre que vous avez vécues dans votre pratique sportive?

J'ai été chanceuse de ne pas avoir rencontré de discriminations majeures, notamment grâce à l'environnement solidaire et bienveillant dans lequel j'ai débuté ma pratique. Mes coachs m'ont toujours soutenue et reconnu mes compétences. Dans le monde de l'haltérophilie, les femmes sont respectées. Cependant, à l'extérieur, annoncer ma pratique suscite parfois des réactions inattendues.

Quel est votre souhait pour l'avenir, en matière d’égalité dans le sport?

Mon voeu pour l'avenir de l'égalité dans le sport est l'élimination des stéréotypes, permettant ainsi à chacune et chacun de choisir librement son sport.

J'aspire également à une équité financière et médiatique, où tous les sports auraient la même visibilité, propulsant les femmes sur le devant de la scène télévisée. Dans le sport professionnel, l'égalité salariale entre les genres devrait être la norme et non une exception applaudie.

Finalement, mon souhait ultime est que l'égalité devienne intrinsèque, propageant un paysage sportif où les opportunités et la reconnaissance ne dépendent plus du genre, mais de la passion et de la performance.

Pourquoi vous engagez-vous aux côtés de la Ville de Lausanne pour plus d’égalité dans le sport lausannois?

Mon engagement aux côtés de la Ville de Lausanne pour promouvoir l'égalité dans le sport découle de ma profonde conviction envers cette cause. Je suis depuis longtemps déterminée à démanteler les stéréotypes de genre dans le sport. C'est d'ailleurs une préoccupation que je partage activement sur mes réseaux sociaux dans le but d'inspirer d'autres femmes.

Collaborer avec la Ville de Lausanne représente à mes yeux une opportunité exceptionnelle de renforcer mon soutien et mon engagement dans la lutte contre les stéréotypes. Cette collaboration suscite mon enthousiasme, et je suis confiante quant aux retombées positives qu'elle générera pour l'avancement du sport féminin en général. J'aspire à contribuer, grâce à cette alliance, à un environnement sportif lausannois davantage égalitaire et inclusif.