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Marlène Storti

Marlène Storti a toujours évolué dans des environnements sportifs majoritairement composés d’hommes: judo, football puis CrossFit. Croyances sur l’orientation sexuelle et autres remarques sur une «perte de féminité» à force de faire de la musculation ponctuent souvent le parcours de ces sportives. Avec en toile de fond la nécessité d’en faire plus pour s’imposer, pour se faire respecter.

© Ville de Lausanne / Loris Raselli

Qu'est-ce que le sport vous apporte?

Le sport est un moyen pour moi de me vider la tête, de me sentir libre et surtout de garder une certaine forme physique générale, indispensable à mes yeux. Il contribue véritablement à mon bien-être et à mon développement.

J’ai d’ailleurs toujours pratiqué du sport, et ce à différents niveaux. J’ai notamment fait du judo depuis l’âge de 4 ans, avant de troquer le kimono pour les crampons et de prendre le chemin des terrains de football à l’âge de 10 ans…passion qui m’a accompagnée jusqu’à mes 25 ans et m’a permis de rejoindre les sélections vaudoise et suisse.

Je pratique actuellement le CrossFit et l’haltérophilie depuis cinq ans et viens d’embrasser un nouveau challenge dans le monde du fitness pur.

Pourquoi avoir choisi le CrossFit?

J’ai découvert cette discipline grâce à une amie qui la pratiquait déjà. Cela me semblait un excellent complément à ma préparation physique pour le football. Ceci entraînant cela, j’ai finalement croché et pris le même plaisir qu’à mes débuts au foot.

Désormais, vous transmettez également votre passion…

Exactement! J’ai commencé à entraîner il y a deux ans et demi car je voulais justement transmettre cette passion que j’ai pour le sport et permettre à d’autres personnes d’atteindre leurs objectifs, de se dépasser, de s’améliorer, encore et toujours.

Pourquoi chaque fille et femme devraient pratiquer une activité physique?

Outre le fait qu’une bonne alimentation, une excellente hygiène de vie et une activité physique régulière soit primordial pour notre santé générale, cela va au-delà. Il est important que chaque fille et chaque femme trouve dans n’importe quelle discipline cette petite flamme qui la fera vibrer, se sentir bien dans sa peau, fière. Le sport nous permet de grandir et de prendre confiance en nous. 

Quels sont les conseils que vous donneriez à une fille ou à une femme pour l'encourager à commencer, reprendre ou poursuivre une activité physique régulière?

Mes conseils sont surtout de prendre du plaisir dans l’activité choisie, d’être patiente et de franchir les étapes de sa progression à son propre rythme, pas à pas. La patience est la mère de toutes les vertus!

On doit également faire son sport pour soi-même, et non pour quelqu’un d’autre.

Que diriez-vous à une fille ou une femme qui hésite à débuter votre sport?

Je lui dirais de venir sans autre et de se tenir loin des stéréotypes et autres préjugés. Nous sommes d’ailleurs de plus en plus de femmes à faire du CrossFit! Nous en sommes toutes capables, et tout est adaptable en fonction de notre condition physique.

Quelles sont les principales discriminations de genre que vous avez vécues dans votre carrière sportive?

J’ai toujours pratiqué des sports où les filles sont en minorité et pour faire sa place, il est malheureusement nécessaire de prouver plus que les hommes ce dont on est capables.

Les stéréotypes y sont nombreux et ont la peau dure. On va dire d’une fille qui fait du football qu’elle est un «garçon manqué» ou qu’elle aime nécessairement les filles. Au CrossFit, on nous dira que l’on perdra notre féminité et que l’on va ressembler à un homme à force de faire de la musculation. Et en tant qu’entraîneur, il faut généralement s’imposer un peu plus envers certains pratiquants qui pensent que je suis moins forte qu’eux et que je n’ai rien à leur apprendre. Ils sont vite surpris!

Quel est votre souhait pour l'avenir, en matière d’égalité dans le sport?

Mon souhait est surtout que les femmes prennent conscience de leur plein potentiel et qu’il n’y a pas de limite dans la pratique du sport que l’on souhaite.

D’un point de vue plus général, nous pourrions attendre une meilleure couverture médiatique et surtout une parfaite égalité au niveau des revenus des sportifs et sportifs professionnel·le·s. Car aujourd’hui encore, il y a de vertigineuses différences, ce qui est profondément injuste!

Pourquoi vous êtes-vous impliquée dans la campagne «Laissons les stéréotypes au vestiaire» de la Ville de Lausanne?

Cela a été une évidence! J’avais très envie de prend part activement à cette campagne et j’espère que nous contribuerons à faire prendre conscience des inégalités. Et surtout, j’espère que cela donnera envie à des femmes de pratiquer du sport comme elles le désirent, sans crainte des préjugés.