Château de Beaulieu
Art brut

La maison de maître et, plus loin, la grange sont protégées par un long mur d’enceinte
En bref
Adresse: Bergières 7-9-11 (avenue des)
Affectation: Bâtiments administratifs, d’habitation et d’art et culture
Style: Palimpseste
Architectes: Rodolphe de Crousaz (projet d’origine), Lausanne, Gabriel Delagrange (unification des bâtis), Lausanne, Bernard Vouga et Jean de Martini (transformation), Lausanne, Nicola Mercier et Ali Squalli (transformation des combles), Lausanne, nb.arch (sas d’entrée), Lausanne, Jean-Gilles Decosterd, (extension), Lausanne et Service d’architecture de la Ville de Lausanne (transformation et extension)
Réalisation: 1766, 1774, 1975, 1983, 1999, 2002, 2004, 2019, 2020
Recensement architectural: note 1 - objet d'intérêt national
Podcast
Sarah Lombardi, directrice de la Collection de l’Art Brut
Musique: © Samuel Evêquoz
Ce qu’il faut savoir
Cette maison de maître et sa grange installées dans un parc arboré datent du XVIIIe siècle. La rencontre entre patrimoine et modernité s’est faite en plusieurs étapes. L’étape la plus importante, celles des années 1970, avait été d’investir la grange avec une importante installation technique et spatiale, tout en respectant l’enveloppe du bâtiment.
Le site accueille aujourd’hui plusieurs fonctions: le musée dans la grange et son administration dans la maison de maître, une auberge dans le troisième bâtiment et, tout autour, l’agréable parc.
La restauration de la grange en 1975 a consisté principalement à créer des dalles en béton supportées par des poteaux qui portent également la charpente refaite en bois collé et en béton armé. Les murs extérieurs ont été renforcés et parfois doublés. Un grand escalier central lie le rez-de-chaussée et le premier étage. D’autres volées d’escaliers mènent jusqu’aux combles. Une climatisation a été installée.
Pour permettre une pleine expression des œuvres, l’espace muséal a été créé aussi neutre que possible. C’est pourquoi les matériaux absorbent sons et lumières. Il en résulte un environnement sombre et silencieux où seules les œuvres sont mises en évidence et où l’architecture s’y fait discrète.
Le musée abrite la collection d’œuvres de Jean Dubuffet, artiste et collectionneur français, inventeur du terme «art brut», qui a légué sa collection en 1971 à la Ville de Lausanne. Neuf sites avaient été pressentis pour accueillir cette collection. C’est le Château de Beaulieu qui fut choisi. La Ville a alors entrepris sa restauration et l’ancienne grange a reçu la collection en 1975. Depuis, le site a bénéficié de nombreux travaux plus modestes bien qu’ils soient pour certains très visibles. L’un dans l’autre, c’est un site dévolu à la conservation, mais qui ne cesse de se transformer en fonction des besoins.
De 1983 à la fin du XXe siècle la maison de maître a été rénovée et l’administration de la Collection s’y est installée.
Au début du XXIe siècle, l’espace muséal a été agrandi. Les combles de la maison ont été aménagés et reliés à ceux de la grange qui accueillaient déjà des expositions. Une liaison a été creusée dans le mur mitoyen, la charpente a été modifiée et une structure horizontale faite de poutrelles d’acier reposant sur les murs en maçonnerie a été installée. L’espace des combles abrite maintenant de nouvelles salles pour des expositions temporaires.
En 2004, un sas en métal et en verre a été construit à l’entrée de l’ancienne grange. Ce prisme sombre et réfléchissant joue le rôle d’un signal fort qui indique où est le musée. Il joue aussi le rôle d’une vitrine et celui d’une lanterne.
Un ascenseur a été installé au centre de la grange en 2019 afin d’accueillir tous les publics.
En 2020, le musée a reçu une extension sous la forme d’un conteneur maritime installé tout à côté et relié à l’espace d’accueil par un tunnel. Cet espace complémentaire sert aujourd’hui de vestiaire.
Les nombreuses interventions sur ces bâtiments ont laissé une architecture palimpseste où plusieurs constructions et usages différents se sont agglomérés tout en conservant l’unité de l’ensemble du XVIIIe siècle. Cet ensemble est installé dans ce qui reste de la campagne des Uttins que le pasteur Gabriel-Jean-Henry Mingard a acquis, au milieu des années 1760. Il y a fait poursuivre, par Rodolphe de Crousaz, la construction d’une maison de maître initiée par le propriétaire précédent. À cette maison de maître, le pasteur a donné le nom de Beaulieu. Ce nom est resté et définit aujourd’hui l’ensemble du quartier.
Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, la maison et la grange ont été reliées par un bâtiment de communication et la façade sud de l’ensemble a été unifiée telle qu’elle est visible aujourd’hui. Après avoir été ainsi étendue, cette maison ressemblait à un «château», tel que le désiraient le pasteur et son architecte. Agrandie, la maison était au milieu de la campagne jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle, quand le réseau de routes s’est étendu et avec lui la Ville de Lausanne.
Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, la Ville de Lausanne a acquis le domaine et le château. Diverses études ont été menées au cours du XXe siècle pour construire quelque chose sur cette propriété, mais rien n’a abouti jusqu’à la transformation de la grange pour accueillir la Collection de l’Art Brut.
Curiosité
Le conteneur abritant le vestiaire est l’un des deux qui avaient préalablement été utilisés comme espace d’exposition itinérante par Yves Leresche, photographe lausannois. Cet espace présentait son travail par une «immersion visuelle et sonore». Les deux conteneurs avaient été posés successivement dans plusieurs villes de Suisse romande.