Grey 2-48

Adresse: Grey 2-48 (avenue du)
Affectation: Bâtiments d’habitation
Style: Trente Glorieuses

Architecte: Jean Antonneti pour Pizzera et Poletti SA, Lausanne
Ingénieur: Franco Benini pour Pizzera et Poletti SA, Lausanne

Réalisation: 1973
Recensement architectural: objet pas recensé ou évalué

Ce qu’il faut savoir

Ce grand ensemble est composé de bâtiments à la volumétrie extrêmement simple: des parallélépipèdes rectangles. Ils sont allongés soit vers le haut, des tours, soit au sol, des barres.

Les tours de dix étages sur rez-de-chaussée sont rayonnantes: elles ont de longues loggias sur trois façades pour profiter pleinement du paysage lointain. Leur façade vers le Jura, la moins ensoleillée, n’est équipée que d’une colonne de balcons-loggias. Les parapets sont pleins avec une ligne de jour dans la partie inférieure, cela apporte un graphisme horizontal qui réduit optiquement la verticalité du bâtiment. Les circulations verticales sont au centre des bâtiments.

Les barres de logements, de quatre niveaux habitables, reprennent la même configuration architecturale. Les façades sont toutefois adaptées à  des bâtiments en longueur. Ainsi, elles alternent fenêtres et loggias, avec plus de loggias que de fenêtres du côté du Léman. Les façades vers le Jura, au contraire, comportent peu de loggias et elles sont alignées au-dessus des entrées.

Construits en béton, les immeubles ont des façades composées de panneaux préfabriqués en béton texturé ou lavé. Certains bâtiments ont été rénovés, notamment leur enveloppe avec une isolation thermique renforcée et des revêtements faits de panneaux pleins en fibrociment.

Tous les bâtiments le long de l’avenue du Grey ont été mis à l’enquête au début des années 1970, par le même architecte, puis construits au fur et à mesure jusque vers la fin des années 1970. La «galette» nord, au pied du bâtiment sis avenue du Grey 40 à 48, a été construite à la fin des années 1980.

Suivant les préceptes urbanistiques de l’époque, les fonctions étaient séparées. C’est pourquoi dans les immeubles de logements, il n’y a que du logement, que les commerces sont tous réunis, que les surfaces administratives le sont également et que les autres fonctions occupent des territoires bien délimités. Comme c’était une époque de forte mobilité individuelle, des garages couverts de toitures végétalisées ont été construits entre les tours et les barres.

Auparavant, cette portion du territoire était la Campagne des Bergières. C’était un grand domaine agricole, parmi d’autres comme La Chablière, Le Désert ou Beaulieu, à occuper le nord-ouest de Lausanne au XVII^e siècle. Sur la Campagne des Bergières avaient été construites au début du XIX^e siècle une maison de maître et sa ferme attenante. Elles y sont restées jusqu’au début des années 1970.

Pendant les années 1960, la dernière propriétaire du domaine et la Commune de Lausanne discutèrent de l’avenir de cette campagne. Il se trouve que Lausanne manquait à l’époque de logements et d’infrastructures scolaires et que ce terrain était une des dernières grandes propriétés en ville permettant la création d’un nouveau quartier.

Après quatre années d’étude et plus de trente projets, un plan de quartier pour 3’000 habitantes et habitants couvrant l’ensemble de la propriété avait été mis à l’enquête publique. Ce plan prévoyait la construction de trois zones: logements, commerces, écoles. Les commerces étaient prévus proches de l’avenue des Bergières et le groupe scolaire sur un long terrain au centre du quartier. Pour les logements, il était envisagé de construire:

- quatre tours le long de l’avenue du Grey;
- cinq immeubles perpendiculaires à l’avenue du Grey;
- quatre immeubles le long du chemin des Grandes-Roches;
- trois plots tout à l’est;
- deux immeubles au nord du palais de Beaulieu et du quartier existant du Presbytère.

Ce plan de quartier, le n° 489, qui prévoyait également l’élargissement du chemin du Grey en avenue, avait suscité un vif débat au sein de la population. Il avait néanmoins été approuvé par le Canton en 1966. À noter que la propriétaire de la campagne céda gratuitement une partie de son terrain pour des besoins scolaires et d’autres équipements publics.

De 2010 à 2015, un projet de surélévation d’un ou deux niveaux de certains bâtiments a été étudié afin d’ajouter 114 logements. Cela avait obligé la révision du plan de quartier. Cette densification aurait été réalisée conjointement aux importantes rénovations que les bâtiments nécessitaient, mais elle ne s’est pas faite.

Plan de quartier n° 489 datant de 1966 avec, entourées de rouge, les tours et barres construites dans les années 1970

Curiosité

En 1966, pour permettre à tout le monde de se rendre compte de la hauteur des bâtiments prévus par le plan de quartier n° 489, la Ville de Lausanne avait fait placer dans le ciel quatre «ballons-balises» aux emplacements des futures tours.