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Ours-Béthusy

Ondulations plissées

© Marc-Olivier Paux - Ville de Lausanne

Aux niveaux des parapets, des cordons gris tournent autour de l’ensemble d’immeubles en les reliant et marquent les étages

En bref

Adresse: Mathurin-Cordier 1-11 (rue) et Béthusy 5, 5b (avenue de)
Affectation: Bâtiments commerciaux et d’habitation
Style: Moderne

Architectes: René  Bonnard, Lausanne, et Rodolphe Raach et George Bucher, Lausanne

Réalisation: 1938
Recensement architectural: note 3 - objet d'intérêt local

Ce qu’il faut savoir

Six immeubles sont regroupés deux par deux à des altitudes différentes. Ils forment une longue barre de logements, modulée par des décrochements en toiture et au rez-de-chaussée. Avec cinq étages reposant sur un rez-de-chaussée et couronnés d’un attique, ces immeubles abritent principalement des logements. Leur architecture est simple, sans fioriture, mais tout de même pourvue de qualités esthétiques.

Les immeubles sont en retrait de la rue. Cela permet un meilleur dégagement visuel et un meilleur ensoleillement des logements et offre un plus grand volume apparent à l’espace de la rue. Avec ce retrait, la pente de la rue et des rez-de-chaussée à différentes altitudes, il a été possible de créer de petits espaces privatifs en front de rue pour les logements les plus bas. Ces logements bénéficient également de longs jardins privés à l’arrière des immeubles.

La longue façade avant est rythmée par une succession de larges fenêtres et de balcons-loggias dont les angles sont obliques. Cette succession de creux et de pleins crée une ondulation plissée sur toute la longueur de la façade, sauf dans la partie la plus à l’aval où les logements sont configurés différemment et s’ouvrent principalement sur l’étroite façade donnant sur l’avenue de Béthusy. Au pied de cette étroite façade, le rez-de-chaussée, dans lequel sont logées des surfaces commerciales, se retourne le long de l’avenue de Béthusy. Les façades ont été réfectionnées à la fin des années 1990.

On entre dans les immeubles depuis la rue, mais les circulations verticales sont de l’autre côté. On trouve en effet sur la façade arrière de hauts avant-corps percés d’une baie vitrée et ponctués à leur sommet d’une fenêtre ronde, un œil-de-bœuf. Ces avant-corps abritent les escaliers. À l’extérieur, ils sont flanqués de balcons d’angle semblables à ceux de la façade sur rue.

Bien que ce soit six immeubles distincts et à des altitudes différentes, l’ensemble forme une unité cohérente grâce notamment à l’utilisation de cordons de maçonnerie foncés qui entourent l’ensemble à chaque étage aux niveaux des parapets et appuis de fenêtres. Ces cordons permettent également de marquer les étages et de renforcer la volumétrie horizontale de l’ensemble. Toutefois, la présence de ces cordons limite la hauteur des parapets. Ceux-ci sont donc surmontés de garde-corps métalliques afin de garantir la sécurité des personnes et ces garde-corps sont très ajourés afin de ne pas obstruer la vue vers l’extérieur lorsque l’on est assis. 

Ces immeubles ont été construits sur un terrain vierge de bâtiment depuis fort longtemps: après avoir été intégré à la campagne Montagibert jusqu’au début du XIXe siècle, ce terrain était dans le périmètre du verger de l’ancien pénitencier. C’est lors de la démolition de celui-ci pour la construction du Collège classique, que ce terrain a été destiné à recevoir des immeubles de logements comme le préconisait le projet du Collège et de ses alentours (voir l’objet Collège Classique).

Pour financer la construction de ces immeubles, les architectes ont créé six société immobilières intitulées Ours-Béthusy  A, B, C, D, E et F. Au début de l’opération immobilière, la rue Mathurin-Cordier n’existait pas. Ce n’était qu’un chemin privé à peine carrossable. La rue a été nommée et est devenue domaine public à la même période que la construction des immeubles. Elle était d’abord sans issue, tout comme la rue Edouard-Payot de l’autre côté du Collège classique, si ce n’est que des chemins de terre permettaient quand même de rejoindre les autres rues.

Curiosité

Pour la mise en location des appartements en 1938, directement par les architectes, les petites annonces faisaient valoir que les logements bénéficiaient d’un ascenseur, d’un frigidaire, d’un balcon, de dévaloirs, etc. Ils auraient pu ajouter que la rue Mathurin-Cordier se prêtait bien à la luge, car, comme le rapporte la presse de l’époque, c’est ce qu’y faisaient les enfants d’alors.