CHUV
Bâtiment hospitalier principal

Le bâtiment hospitalier principal s'étend verticalement et horizontalement
En bref
Adresse: Bugnon 44-44a-46 (rue du) et Mont-Paisible 14 (chemin de)
Affectation: Bâtiment médico-social et d’enseignement
Style: Trente Glorieuses
Architectes: Pierre Bonnard, Jean-Pierre Cahen, Jacques Longchamp et René Froidevaux, Lausanne
Ingénieurs: Bonnard & Gardel ingénieurs-conseils SA, Lausanne
Réalisation: 1983
Recensement architectural: objet pas recensé ou évalué
Ce qu’il faut savoir
Pour remplir ses missions, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) regroupe des dizaines d’immeubles à travers le Canton de Vaud. Le bâtiment hospitalier principal (BH) est le bâtiment emblématique du CHUV. Il est composé d’un bâtiment bas, étalé en plusieurs terrasses, et d’un bâtiment haut et long accueillant majoritairement les chambres.
Le bâtiment bas comporte l’accès principal et public de l’hôpital. Cet accès correspond à l’étage n° 8. Le bâtiment s’étend jusqu’à l’avenue de Montagibert en contrebas avec l’étage n° 5, celui de l’accès des urgences. Au-dessus de l’entrée, il y a encore quelques étages occupant chacun une plus petite surface. Chaque étage est comme un plateau habité qui comporte des utilisations différentes et dont la toiture plate est parfois accessible. L’ensemble forme une «galette» très horizontale.
Le bâtiment haut s’élève de douze étages au-dessus du niveau d’entrée sur lequel il est posé. Ce bâtiment est formé d’une barre en deux corps décalés. À l’articulation des deux corps, soit au centre de la barre, se retrouvent 13 ascenseurs, cœur de distribution du bâtiment. De part et d’autre de la batterie d’ascenseur, des couloirs dédoublés distribuent les chambres sur les côtés ainsi que sur des locaux techniques et de préparation au centre, entre les deux couloirs.
Les bâtiments sont construits en béton armé. Leur structure comporte des murs, en général là où il y a les ascenseurs et les escaliers, et des piliers régulièrement répartis. La structure ponctuelle permet de mieux organiser les locaux intérieurs, grâce à des parois légères, et de les transformer plus facilement si nécessaire.
Les façades sont fabriquées en partie en béton. Plus précisément, c’est avec béton lavé, dont on voit les graviers affleurés, que les allèges et les parapets des balcons ont été préfabriqués puis posés. L’alternance d’allèges et de parapets en bandeaux minéraux continus se distinguent des fenêtres également continues ou regroupées par cinq. L’alternance de bandeaux minéraux et vitrés forme l’esthétique particulièrement horizontale des bâtiments.
Dans le projet définitif imaginé en 1969, la galette devait être plus grande et s’étaler jusqu’au carrefour entre l’avenue Montagibert et la rue du Bugnon. Un bâtiment haut aurait également dû être construit en plus de celui existant. Le projet de bâtiment hospitalier a commencé en 1966 puis présenté à la presse en 1968. Mais il a été revu en 1972 en raison d’une modification du calcul du nombre de lits nécessaires selon les données démographiques et en raison de l’augmentation des coûts de construction et d’exigences programmatiques complémentaires d’ordre médical, technique et sécuritaire. En conséquence, la construction de l’hôpital a été scindée en deux étapes, mais seule la première a été réalisée.
Le bâtiment hospitalier principal inauguré en 1982 a été construit dans le cadre d’une planification cantonale des constructions hospitalières imaginée dès 1959. Le bureau d’étude des constructions avait débuté ses travaux en 1960 sous la direction de l’architecte William F. Vetter, autorité mondiale en matière de constructions hospitalières et un des architectes de du groupe opératoire de 1948. Dans une optique de rationalisation, il en a résulté une planification à l’horizon 1980 de l’équipement hospitalier et de l’organisation hiérarchique de l’Hôpital cantonal (qui deviendra officiellement le CHUV en 1975) comme pièce maîtresse pourvues des missions d’enseignement, d’établissement spécialisé et d’hôpital public.
Le site de construction était naturellement au milieu de ce qui constituait déjà depuis les années 1920 une cité hospitalière. En effet, depuis la construction d’un «nouvel Hôpital cantonal» en 1883 sur le terrain du Champ de l’Air à l’ouest de la rue du Bugnon, de nombreux bâtiments médicaux avaient été construits de part et d’autre de la rue. À l’est de la rue, le lieudit Montagibert était occupé par quelques bâtiments, mais surtout par la Station agronomique fédérale et ses parcelles agricoles. Il a donc fallu récupérer les terrains de la Station fédérale et démolir de nombreux bâtiments dès 1970 avant d’entamer le terrassement du terrain dévolu au futur CHUV.
Un bâtiment hospitalier de cette taille au milieu d’une grande cité hospitalière elle-même dans une ville et un canton dont la population augmente, nécessite à la fois des travaux continus mais aussi des agrandissements. En dehors des bâtiments complémentaires construits autour du BH, plusieurs adjonctions sont venues se greffer sur les terrasses de la galette.
En 2015, après un concours organisé en 2008, le bureau meier + associés architectes a conçu l’extension du Centre coordonné d'oncologie et, toujours en 2015, l’agrandissement du restaurant et des bureaux de médecin. Les deux ouvrages sont de nouvelles galettes dont les façades arrondies reprennent la géométrie en bandeaux horizontaux du BH. Puis en 2017, les bureaux Tekhne SA, Itten & Brechbühl SA et meier + associés architectes ont participé à la conception d’une nouvelle galette de blocs opératoires et du Centre d’endoscopie. Les façades de cette dernière sont principalement opaques et anguleuses mais reprennent là également la géométrie en bandeaux du bâtiment hospitalier principal.
Le tout forme une géométrie complexe aux architectures différentes mais toutes reliées par l’expression forte de l’horizontalité.
Curiosité
Lors de la cérémonie de pose de la première pierre le 18 mai 1971, le directeur du Service fédéral de l’hygiène publique avait salué l’œuvre pionnière du canton en matière de planification hospitalière dont «on ne [pouvait] qu’admirer la conception [du centre hospitalier]». De fait, le centre hospitalier avait été imaginé avec ce qui se faisait de mieux en matière médicale mais aussi d’enseignement avec le Centre d’enseignement médical et de communication audiovisuelle (CEMCAV) pourvu notamment d’un studio de télévision et d’une régie mobile mis en service en 1983.
Données
Nombre de lit prévu en 1966: 2485
Nombre de lit revu en 1972: 1550
Nombre lits en 1983: 1264
Nombre de lits exploités en 2023: 1548