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PMU

Une clinique en ville

© Marc-Olivier Paux - Ville de Lausanne
Le bâtiment, fait de strates superposées, célèbre l'horizontalité sur une rue en pente

En bref

Adresse: Bugnon 44-44a-46 (rue du) et Mont-Paisible 14 (chemin de)
Affectation: Bâtiment médico-social et d’enseignement
Style: Contemporain

Architecte: Patrick Mestelan et Bernard Gachet, Lausanne

Réalisation: 2002
Recensement architectural: objet pas recensé ou évalué

Podcast

Catherine Borghini Polier, architecte et cheffe du Service d’architecture et du logement
réalisation: édulcoré – agence de communication

Ce qu’il faut savoir

L’accueil des urgences du CHUV et Unisanté occupent un long bâtiment vitré aux horizontales bien marquées en bordure d’une rue à forte pente. Anciennement, ce bâtiment abritait la Policlinique Médicale Universitaire (PMU) de Lausanne. Celle-ci et d’autres organismes médicaux sont réunis depuis 2019 au sein du centre universitaire médical Unisanté. Cet édifice est relié au bâtiment hospitalier principal par un immeuble de liaison qui est perpendiculaire à la rue.

Sur la rue du Bugnon, le bâtiment présente une façade étagée avec des corniches successives proéminentes. La première réduit la hauteur apparente du bâtiment depuis la rue et abrite les personnes marchant sur le trottoir. Les deux premières corniches enserrent une prolongation de l’étage en encorbellement. La dernière termine le bâtiment.

Ces corniches se retournent sur la façade en haut de la rue. Elles permettent d’ancrer visuellement le bâtiment dans la partie amont et annoncent le retournement du bâtiment vers le corps de liaison en direction du bâtiment hospitalier principal du CHUV.

La partie basse du bâtiment sur rue est scindée en deux en raison de la pente. L’articulation entre les parties est faite par l’entrée qui est ainsi bien lisible. Il y a de part et d’autre un socle en béton, percé de baies verticales dans la partie aval. Ce socle est surmonté de hauts étages de 4 mètres (habituellement, dans les bâtiments logements par exemple, les étages mesurent 3 mètres de haut). La structure porteuse verticale est faite de colonnes en retrait de la façade. Aux étages, cette façade est composée d’une grille en aluminium emplie de vitrages. Sur le toit végétalisé ont été installées les deux places d’atterrissage des hélicoptères de secours.

La façade arrière est faite en maçonnerie et comporte des redents dont les bouts sont vitrés et contiennent des escaliers. Alors que la façade continue sur la rue du Bugnon s’inscrit dans la continuité urbaine matérialisée par les bâtiments en contrebas, la façade à redents inscrit le bâtiment dans le dédale constructif du CHUV.

La structure du bâtiment est en béton armé. Un soin particulier a été apporté à la qualité du béton, aux coffrages et à leur répartition (leur calepinage) afin de laisser cette matière apparente tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Cela est particulièrement visible dans les circulations verticales qui sont des repères importants dans ce bâtiment complexe. Des lanterneaux au-dessus des principaux escaliers éclairent d’ailleurs ces espaces de circulation et renforcent leur fonction de repère. Le repérage spatial est complété par des couleurs différentes à chaque étage.

C’est un bâtiment résolument urbain comme le désiraient les architectes. Ceux-ci l’ont conçu comme une synergie entre deux institutions (le CHUV et la PMU) avec une entrée plus agréable pour la patientèle et une présence plus urbaine que le bâtiment principal du CHUV. L’organisation des espaces, la qualité constructive et celle des matériaux ont été pensées en fonction de l’apport de lumière naturelle, de la clarté et de la fonctionnalité des espaces ainsi que de l’hygiène nécessaire à un milieu médical. La lumière n’a pas été utilisée que pour le confort des personnes, mais aussi pour exprimer la simplicité de la distribution des espaces et révéler leur qualité spatiale.

Les architectes ont commencé leur réflexion sur la PMU dès 1989 avec un «plan de capacité constructive du secteur hospitalier». Puis le projet de la PMU proprement dit a débuté en 1993. Le premier projet avait été mis à l’enquête en 1995 pour un coût devisé à 77 millions de francs suisses. Le projet avait alors été revu pour en réduire le volume et le coût. Après de longs débats, le Parlement vaudois a validé le financement du bâtiment en mai 1997. Finalement, le bâtiment a coûté 71 millions de francs et a été inauguré seulement en 2003, soit presque 100 ans après la création de la PMU en 1904 dans un bâtiment de la rue César-Roux.

Au début du XXe siècle, la PMU a en effet remplacé le «dispensaire pour malade indigents» créé en 1887. Les missions de la PMU ont été formellement définies en 1957:

- enseignement de la médecine interne et de la médecine ambulatoire;
- liens entre les médecins privés et l’enseignement;
- soins aux personnes défavorisées;
- développement de la médecine préventive.

À la fin du XXe siècle, la PMU était installée dans un bâtiment devenu vétuste. Proposition avait été faite dans les années 1980, après la construction du bâtiment hospitalier principal, de la déménager dans l’ancien Hôpital cantonal de 1883. Toutefois avec la création de la Cité hospitalière sur le site de Montagibert et son extension possible sur les anciens terrains de la Station fédérale d’essais agricoles acquises en 1964, il s’est avéré plus judicieux d’approcher la PMU du bâtiment hospitalier principal et d’occuper une langue de terre encore disponible quoique bien pentue.

Curiosité

Le terme de policlinique ne veut pas dire plusieurs cliniques, mais clinique de ville. En effet, le préfixe «poli» se réfère au terme grec de la ville: «polis», et non à l’autre terme grec signifiant plusieurs: «poly».

Données

Surface de terrain bâtie: 3’288 m2
Surface de plancher: 17’862 m2
Volume construit: 81’700 m3