En 1842, Élisabeth Jeanne de Cerjat, Lausannoise aisée de 73 ans menacée de cécité, se rend à Heidelberg pour y recevoir les soins d’un éminent professeur, le Dr Chelius, qui l’opère de la cataracte avec succès. Il lui fait alors l’éloge d’un médecin vaudois, Frédéric Recordon, qui a exercé dans son service.
De retour chez elle, Élisabeth de Cerjat, dont la vue est sauvée, est décidée à aider les personnes malvoyantes. Elle entre en contact avec Frédéric Recordon et tombe à point nommé: l’ophtalmologue, qui a ouvert chez lui un petit dispensaire, cherche à le développer. Avec l’aide substantielle du philanthrope William Haldimand, elle fonde en 1843 l’Asile des aveugles de Lausanne, un centre de traitement ophtalmologique dont le rayonnement ne cessera de s’étendre. Un an plus tard, la première pierre est posée. Outre des malades, il accueille des enfants et des adultes aveugles leur offrant un toit, une formation et un travail. Un hôpital plus grand est construit en 1873, suivi de l’Asile Recordon, home pour les femmes malvoyantes 32 ans plus tard et de l’Asile Gabrielle Dufour en 1910, son équivalent pour les hommes. En 1920, Jules Gonin, professeur titulaire de la chaire d’ophtalmologie à Lausanne, découvre la cause du décollement de rétine et le moyen de le guérir, étape marquante dans l’histoire de la médecine.
Un développement qu’Élisabeth Jeanne de Cerjat, décédée en 1847, ne voit pas. C’est l’héritage logique et remarquable d’une vie placée sous le signe de l’engagement et du progrès social. Née à Louth dans le Lincolnshire en Grande-Bretagne, fille de l’aristocrate vaudois Jean-François Maximilien et d’une riche orpheline anglaise, Marguerite-Madeleine Stample, Élisabeth était arrivée avec sa famille à Lausanne, rue de Bourg, en 1780. D’où, avec sa soeur Sabine, elle contribuera au progrès social ainsi qu’à l’essor d’une science en devenir.
Illustration d'Elisabeth de Cerjat par Hélène Becquelin tirée du livre «100 femmes qui ont fait Lausanne».
Rue Elisabeth-Jeanne-de-Cerjat
La rue Elisabeth-Jeanne-de-Cerjat, dans le quartier des Plaines-du-Loupe, fait partie des lieux que la Municipalité a décidé de nommer ou de renommer pour donner plus de visibilité aux femmes dans l’espace public.
Ce nouveau nom est entré en vigueur en été 2023.
Pour en savoir plus sur le projet: «Plus de place(s) aux femmes en Ville de Lausanne»