En novembre 1949, des petites remorques transportant des machines à laver se mettent à circuler à travers Lausanne. Destiné aux familles modestes de la ville qui pouvaient louer une machine à la demi-journée ou à la journée, c’est le premier service proposé par la toute nouvelle association populaire d’entraide familiale (APEF), que préside Violette Taillens.
D’origine jurassienne, née à la Neuveville où elle suit une école de commerce, elle et son mari arrivent à Lausanne en 1933. Avec 4 enfants à nourrir et le salaire d’ouvrier de son mari, la vie est difficile pour cette famille modeste qui traverse la guerre dans des conditions très dures. Les cartes de rationnement, les rafistolages multiples des chaussures usées, les échanges de recettes bon marché, Violette Taillens les a bien connus.
En 1949, en matière de sécurité sociale, tout reste à faire. C’est dans ce contexte que Violette, avec d’autres, voit dans l’entraide matérielle et sociale la meilleure des solutions. Apolitique et aconfessionnelle, animée d’un esprit collectif et pragmatique remarquable, l’APEF vise ainsi à regrouper au sein d’une coopérative des familles modestes en mutualisant les ressources et en offrant de l’aide concrète pour faciliter le quotidien des femmes et des familles.
L’APEF met sur pied un inestimable service d’auxiliaires familiales destiné à soulager les tâches des mères de famille épuisées ou malades. Jusqu’en 1956, l’association ne tire ses ressources que des cotisations très modestes, de dons privés et de toutes sortes de ventes ou de manifestations qui lui permettent de récolter de l’argent. Par la suite, l’APEF rejoint l’Union lausannoise d’aide familiale, une condition pour bénéficier de subventions communales.
Violette Taillens assure la présidence de l’APEF quasi sans discontinuer jusqu’en 1969. Active par ailleurs au sein du Service civil international et du Centre pour l’action non violente, elle prononce le discours de bienvenue du premier Congrès mondial des mères, qui réunit à Lausanne en 1955 plus de 1'500 femmes issues de 66 pays.
La place Violette-Taillens dans le quartier de Montelly fait partie des lieux que la Municipalité a décidé de nommer ainsi ou de nommer ainsi ou de renommer pour donner plus de visibilité aux femmes dans l’espace public.
Ce nouveau nom entrera en vigueur le 1er octobre 2025.
Pour en savoir plus sur le projet: «Plus de place(s) aux femmes en Ville de Lausanne»
Pour aller plus loin
- Entretien mené le 27 juillet 1998 par M. Jean-Jacques Eggler, archiviste adjoint. Archives de la Ville de Lausanne