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 (1886-1964)

Aloïse Corbaz dite Aloïse

L'art brut comme scène d'opéra

En 1914, Aloïse Corbaz est gouvernante d’enfants à Potsdam et nourrit une folle passion imaginaire pour l’empereur Guillaume II lorsque la déclaration de la Première Guerre mondiale la pousse à revenir dans sa ville natale de Lausanne. Septième enfant d’un employé des postes, orpheline de mère à 13 ans, se rêvant cantatrice, elle a été envoyée en Allemagne par sa sœur aînée qui souhaitait mettre un terme à la passion amoureuse d’Aloïse pour un prêtre défroqué. Durant la guerre, elle manifeste des sentiments religieux et pacifistes avec exaltation, ainsi que des idées délirantes. Finalement diagnostiquée schizophrène, elle est admise à l’asile de Cery à Prilly en 1918 et part de la Rosière à Gimel 2 ans plus tard.

Durant toute son enfance et sa jeunesse, les aspirations d’Aloïse Corbaz ont été contrecarrées par sa famille. Elle renaîtra donc d’une autre manière: par l’art. Tout en travaillant au repassage et au ravaudage du linge de l’institution, elle commence à dessiner sur des cahiers ou des feuilles qu’elle coud ensemble, utilisant autant des crayons, de la gouache, de la craie que du suc de pétales, de la pâte dentifrice ou des photos qu’elle assemble en collages. D’abord en cachette, sur du matériel de fortune, puis au grand jour grâce à l’aide fournie par le personnel. Elle créera jusqu’à sa mort, à Gimel à 78 ans.

Coloré, foisonnant, exubérant, son univers est peuplé de femmes voluptueuses, de personnages princiers et romantiques aux larges yeux bleus et de scènes rappelant le monde de l’opéra qu’elle rêvait de connaître. Son talent est repéré par ses médecins, dont Jacqueline Porret-Forel, médecin généraliste qui rend visite régulièrement à Aloïse. Dès les années 1940, celle-ci consacre une partie de sa vie à l’étudier et la faire connaître. Elle présentera Aloïse à Jean Dubuffet. Exposition à Paris, intégration à la collection d’art de ce dernier, le talent d’Aloïse est reconnu dès 1948.

En 1976, la Collection de l’Art Brut de Lausanne ouvre ses portes avec une partie des créations d’Aloïse. Le musée devient une référence internationale en la matière. Figure emblématique de ce courant hors normes, exemple impressionnant de renaissance intérieure personnelle, la renommée d’Aloïse s’affirme définitivement lorsqu’elle est incarnée au cinéma à la fois par Isabelle Huppert et Delphine Seyrig dans le biopic que lui consacre Liliane de Kermadec en 1975.

© Ville de Lausanne

Référence

© Archives de la Ville de Lausanne

Archives de la Ville de Lausanne - AVL, Info Région - Télévision de la région lausannoise

Exposition, 2001: Un vaste monde de lumière. Aloïse, Alice Bailly, Violette Diserens

© Photo : Henriette Grindat Archives de la Collection de l’Art Brut de Lausanne, Droits d’auteur : Association Aloïse, M. Jean-David Mermod, jd.mermod@gmail.com

Aloïse (Aloïse Corbaz, dite), asile de la Rosière, Gimel, 1963

© Ville de Lausanne

Place Aloïse-Corbaz

La place Aloïse-Corbaz - anciennement placette Pré-du-Marché - fait partie des lieux que la Municipalité a décidé de nommer ou de renommer pour donner plus de visibilité aux femmes dans l’espace public.

Voir l'inauguration du 27 août 2022 : «Une place en l'honneur d'Aloïse Corbaz»

Pour en savoir plus sur le projet : «Plus de place(s) aux femmes en Ville de Lausanne»