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 (1933-2012)

Claire Rubattel

La combattante des «études genres»

En 1972, Claire Rubattel, politologue et docteure en sociologie, se voit refuser un poste de professeure à l’Université de Neuchâtel en raison de son sexe: selon les autorités académiques, 8 heures de cours par semaine représentent une charge trop lourde pour une femme… L’intellectuelle se double alors d’une activiste et, dès la fin des années 1980, elle crée en pionnière le premier enseignement en études féministes de Suisse romande.

Auteure d’une thèse qui porte sur les questions raciales dans les années 1960 aux États-Unis qu’elle réalise en partie sur place, elle diffuse les résultats des recherches féministes anglo-saxonnes et contribue ainsi fortement au développement de ce qu’on désigne désormais par «études genre». Sans grande reconnaissance de l’institution: c’est de manière quasi bénévole qu’elle donne ses premiers cours à l’Université de Lausanne.

N’ayant jamais obtenu de poste académique stabilisé, elle doit se contenter d’un statut de privat-docent. Mais le temps lui donne raison puisqu’en 2000, le Laboratoire interuniversitaire en Études genre (LIEGE), réseau scientifique suisse, est mis en place et qu’en 2008, le Centre en Études genre est institutionnalisé en tant qu’unité de recherche de l’Université de Lausanne.

Fille du conseiller fédéral radical et journaliste lausannois Rodolphe Rubattel, Claire Rubattel entame des études en sciences politiques après un diplôme de secrétariat. Elle publie divers ouvrages, certains en collaboration avec son mari le politologue François Masnata, qui connaît, lui, une reconnaissance rapide par l’institution. En 1987, «De peur que femme oublie. Vies d’aujourd’hui, vies d’autrefois» synthétise 15 ans de travaux féministes.

Du Parti socialiste à la Coalition féministe suisse, elle s’engage dans des groupes variés pour défendre les droits des femmes. Elle prend une part active aux réflexions sur l’intégration
de l’article constitutionnel sur l’égalité entre les femmes et les hommes voté en 1981 et préside le comité vaudois du 14 juin. Présidente de l’Alliance de sociétés féminises suisses entre 1975 et 1980, elle joue un rôle moteur dans le comité de rédaction du mensuel féministe «Femmes suisses», devenu «L’Émilie» en 2001.

© Ville de Lausanne

Référence

© Hélène Becquelin

Illustration de Claire Rubattel par Hélène Becquelin tirée du livre «100 femmes qui ont fait Lausanne».

© Archives RTS

Archives RTS, Emission: La voix au chapitre, 1978

Présentation de l'actualité littéraire par les divers chroniqueurs - Claire et François Masnata-Rubattel parlent de leur livre «Le pouvoir suisse, séduction démocratique et répression suave».