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Cité Boisy

Barres et paysage

© Marc-Olivier Paux - Ville de Lausanne
Les façades des bâtiments sont rythmées par l'alternance des fenêtres et des balcons

En bref

Adresse: Pierrefleur 22 à 48 (chemin Guillaume-de-)
Affectation: Bâtiments commerciaux, d’habitation et de café-restaurant
Style: Trente glorieuses

Architectes: Marc Piccard (plan de quartier), César Nibbio, Camille Glardon, Rémy Ramelet, Charles-François Thévenaz, Pierre Prod'hom, Lausanne

Réalisation: 1958-1965
Recensement architectural: note 4 - objet bien intégré ou patrimonialement intéressant

Ce qu’il faut savoir

Parallèlement au chemin Guillaume-de-Pierrefleur et aux courbes de niveau, sept immeubles de logement ont été construits entre 1958-1965.

La plupart des bâtiments font 55 m par 14 m et de 5 à 7 étages sur rez-de-chaussée. Les bâtiments sont régulièrement espacés afin d’assurer un bon éclairage naturel. Ils sont agencés en deux rangées en quinconce afin de permettre un dégagement visuel vers le paysage de La Côte. Les espaces extérieurs laissent une grande place à la végétation et de grands escaliers relient les différents niveaux du terrain. Le long du chemin il y a quelques commerces et, dans les constructions basses plus haut, il n’y a que des garages.

La modénature des bâtiments, soit les éléments qui composent les façades et créent des ombres, est sobre, répétitive, modulaire, rythmée par la succession de fenêtres et de balcons. Les rez-de-chaussée sont marqués par un bandeau supérieur continu ou par un auvent qui protège des intempéries les gens déambulant sur les trottoirs. En raison de l’étalement des constructions de 1958 à 1965, les derniers bâtiments construits n’ont pas la même architecture que les premiers et jusqu’à aujourd’hui, beaucoup ont été rénovés.

L’architecture des premiers bâtiments est faite de:

- crépis grossiers;
- corniches importantes;
- éléments arrondis;
- bandeaux au-dessus des rez-de-chaussée;
- parapets pleins en maçonnerie surmontée d’une lisse métallique ou évidés avec une serrurerie parfois en forme de vagues;
- encadrements des fenêtres.

L’architecture des derniers bâtiments, notamment ceux aux numéros 30 et 32 (finis en 1964 et rénovés dans les années 1990 et 2010) et encore plus celui au numéro 22 (fini en 1965 et rénové au début des années 2000), rompt fortement avec l’architecture des premiers:

- les matériaux sont montrés bruts, tel le béton, ou simplement peints;
- absence de corniches;
- géométries horizontale et verticale qui se croisent;
- transition abrupte entre le rez-de-chaussée et les étages;
- parapets pleins;
- pas d’encadrement des fenêtres.

Tous ces bâtiments sont un exemple de l’urbanisme et de l’architecture des années 1950 et 1960 où les quartiers et les immeubles étaient définis de manière assez rigide pour un grand nombre d’habitantes et d’habitants. À cette période, afin de résoudre la crise du logement, le plan de quartier n° 351, celui du grand ensemble Boisy-Pierrefleur, a été approuvé en 1955 par les autorités. Il s’étale sur un long terrain rectangulaire pourvu d’un important dévers. Ce plan de quartier définit des zones où doivent être construits les immeubles et quelles sont leurs affectations: quinze grands bâtiments de logement et une zone pour des bâtiments publics plus à l’est. Il y a huit bâtiments au nord du chemin Guillaume-de-Pierrefleur (seulement sept ont été construits) et sept au sud. Le plan définit également les routes et les espaces publics: le chemin Guillaume-de-Pierrefleur a été prolongé et élargi jusqu’à 21 m, trottoirs compris, et le chemin de Boisy a également été élargi et allongé.

Les opérations immobilières ont été financées par plusieurs investisseurs privés réunis en plusieurs sociétés immobilières: S.I. Cité Boisy A, B, C, etc. De même, plusieurs bureaux d’architecture ont été mandatés pour la conception des bâtiments. Par contre, afin d’assurer une cohérence d’ensemble, le plan de quartier a été conçu par un seul mandataire. D’ailleurs, mises à part l’implantation des bâtiments et leur hauteur, quelques règles ont participé à cette cohérence. L’une d’elles est que toutes les entrées des bâtiments sont à l’arrière de ceux-ci, au nord-est, avec des circulations verticales éclairées en façade. Cela permet d’avoir les façades sud-ouest, qui donnent sur le paysage lointain, complètement à disposition des logements. Une autre concerne les balcons qui ne doivent «pas avoir de saillies dépassant de plus de 110 cm la zone constructible», c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas dépasser la façade de plus de 1,10 m. Ceux-ci, pour avoir une profondeur utilisable, s’enfoncent alors dans le bâtiment, comme des loggias.

Schéma

© Ville de Lausanne

Plan de quartier n° 351 daté de 1955 avec les sept premiers bâtiments construits parallèlement au chemin Guillaume-de-Pierrefleur

Curiosité

En 1959, la S.I. Cité Boisy P.Q.M. proposait des appartements à la location en ces termes: «Beaux appartements avec grand confort. Vue grandiose, tranquillité, soleil, verdure, ascenseurs, chauffage central, eau chaude généralisée, frigo, antennes pour radio et télévision, Dôle, France, UKW, téléphone, buanderies modernes avec installation de séchage à air chaud». Le loyer des appartements de 3 pièces et demie, chauffage et eau chaude compris, était alors proposé dès 257.- francs suisses, ce qui équivaut à CHF 1'133.- en 2023.

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