Les Claires Maisons
Sobriété et discrétion

En bref
Adresse: Grey 15-17 (avenue du)
Affectation: Bâtiment d’habitation
Style: Moderne
Architectes: Jacques Favarger et Charles Dubois, Lausanne
Ingénieur: Alexandre Sarrasin, Lausanne
Réalisation: 1929
Recensement architectural: note 2 - objet d'intérêt régional
Ce qu’il faut savoir
Construites en béton armé, ces deux villas sont quasi symétriques et collées l’une à l’autre par un mur de refend. Elles comportent quelques composants typiques de l’architecture de l’époque:
- de longues fenêtres horizontales au sud;
- des fenêtres coulissantes;
- des balcons aux formes arrondies, également au sud;
- des cages d’escaliers proéminentes au nord;
- un toit plat (ou presque), alors encore rare à Lausanne.
À part la façade sud, les autres façades ne sont pas très ouvertes. Cela apporte un contraste lumineux fort à l’intérieur entre les pièces de service (salles de bain, etc.), au nord, assez sombres, et les pièces de séjours, au sud, très lumineuses et offrant une vue panoramique sur le grand paysage alpin.
Les villas sont des réalisations économiques à la fois financièrement et spatialement. En effet, les espaces sont assez exigus et répondent à une volonté alors très présente au début de l’architecture moderne: selon Le Corbusier, célèbre architecte suisse, les maisons devaient être conçues comme des «machines à habiter» où des dimensions spécifiques et juste suffisantes répondent à des fonctions précises.
D’avoir construit les villas en introduisant des éléments novateurs (toiture plate, vitrage coulissant, béton armé, etc.) a obligé les propriétaires à pallier certains défauts inhérents à ces innovations. Les rez-de-jardin, soit les étages au niveau du jardin, conçus comme des terrasses couvertes, ont été fermés par des vitrages dans les années 1930, augmentant ainsi la surface habitable et améliorant le confort thermique. En 1947, ce sont les toitures qui ont été refaites en raison de nombreuses infiltrations d’eau. Par la suite, les vitrages simples ont été remplacés par des vitrages isolants. Ces deux villas sont un exemple rare où les architectes ont suivi assez bien les préceptes de l’architecture moderne des années 1920.
Ces constructions sont dédiées au logement. Au rez-de-chaussée, semi-enterré, il y a pour chacune une cave, un atelier et une terrasse couverte (aujourd’hui fermée). Le premier étage accueille deux appartements de quatre pièces et le deuxième étage deux de trois pièces. Chaque petit logement de trois pièces peut être habité indépendamment ou relié à l’appartement d’en-dessous.
Elles bordent l’avenue du Grey. À la fin du XIXe siècle, c’est encore un chemin qui quitte la ville par l’ouest puis tourne et monte en passant par les domaines et campagnes de Beau-Soleil, de la Chablière, des Bergières, du Grés (comme il s’appelait à l’époque), de Grattapaille, du Bosson, du Pont des Sauges, puis quitte les limites communales pour rejoindre Romanel. Le chemin est devenu une avenue en 1973.
C’est donc quasiment en pleine nature, qu’à la fin des années 1920 avaient été érigées ces deux villas jumelles perpendiculairement au chemin et dans un terrain en pente. Avec le développement de la végétation, seule est bien visible la façade assez austère donnant sur l’avenue avec ses trois garages. L’entrée commune des villas est au nord. Elle se situe à l’étage et est accessible par un chemin en pente débutant un peu plus haut sur l’avenue. Entourées de végétation, les villas jouissent d’une agréable discrétion.