Mère Sofia

En 1987, Cristina Cecchini est consacrée moniale orthodoxe sous le nom de Mère Sofia. C’est le début d’une nouvelle vie pour celle qui, née dans le canton de Lucerne d’une mère d’origine russe émigrée dans les années 1940 au Tyrol, et d’un père italo-autrichien, ouvrier dans une cave viticole, connaît une enfance et une jeunesse difficiles.

Mère Sofia devient aumônière de rue à Lausanne, adoptant la soutane bleue avec sandales et perfecto de cuir qui resteront sa marque de fabrique. Révoltée devant la manière dont on ignore les pauvres, les toxicomanes, les malades du sida et les sans-abris dans sa ville, elle vit avec eux et participe en pionnière à la création de diverses structures destinées à leur venir en aide et à les accompagner.

À la fin des années 1980, elle obtient des contrats de confiance ou de prêt à usage au squat Cécile (Marc-Dufour 6), à la rue de l’Industrie 3-5 et au chemin de Montmeillan 6. Dix ans après, elle est mandatée par le Département de la santé publique du canton pour établir un bilan de santé de la rue. Un an plus tard, elle crée le Parachute, ouvert 24 heures sur 24 et 365 jours par an, destiné à l’origine aux populations adultes, marginalisées et malades du sida en fin de vie. Cette structure se réorientera ensuite vers l’accueil de jeunes en rupture.

En 1992, elle lance la Soupe populaire à Saint-Laurent, qui 4 ans plus tard se voit mandatée par le médecin cantonal pour distribuer du matériel d’injection. Elle lance encore le mensuel des sans-abris, «Macadam journal», participera à l’ouverture du Sleep-In et mettra en place le bus Le Rencard, consacré à la prévention du sida et à la lutte contre la toxicomanie.

Désignée en 1995 comme une des 100 femmes qui changent le monde par le magazine «Marie-Claire», elle reçoit le prix Adèle Duttweiler. Elle décède de maladie à l’âge de 49 ans. Créée en 1992, la Fondation Mère Sofia à Lausanne poursuit son travail de rue et son action d’aide aux personnes démunies.