La première moitié du 20e siècle est hantée par une maladie contagieuse, longue et ruineuse aux conséquences terribles: la tuberculose. Charlotte Olivier, née von Mayer à Saint-Pétersbourg, consacrera 3 décennies à mobiliser les milieux médicaux, politiques et sociaux.
Elle a 30 ans lorsque, son père décédé, sa famille s’établit en Suisse, où elle entame des études de médecine, profession encore non autorisée pour les femmes en Russie. Brillante, elle est choisie comme interne en chirurgie par le professeur César Roux.
En 1911, elle crée avec son mari, lui aussi médecin, une cure d’air à Sauvabelin dans le but d’accueillir les malades pauvres de Lausanne pour leur offrir une journée de repos, un bol d’air et de la nourriture. Elle se voit ensuite confier la responsabilité du Dispensaire antituberculeux de la Policlinique, submergé par la demande.
Mobilisant l’Union des femmes, elle lance un vaste mouvement visant à soulager les familles et à protéger les enfants. Grâce à elle, les adhésions à la Ligue vaudoise contre la tuberculose augmentent, passant de 120 à 9'000 membres en 3 ans.
Dans les années 1920, elle met sur pied la profession d’infirmière-visiteuse pour renforcer et professionnaliser l’action bénévole, préfigurant l’assistante sociale et l’infirmière de santé publique. Ses activités de prévention se doublent d’un travail de lobbyisme politique auprès des autorités.
Imprégnée de l’éthique évangélique, éduquée dans un milieu social exigeant et familière des grands de l’entourage du tsar, elle n’hésite pas à rendre d’insistantes visites matinales chez les responsables politiques du canton ou du pays.
Après avoir directement sollicité le président de la Confédération Ernest Chuard, elle fait accélérer l’adoption, en 1928, de la loi fédérale sur la Lutte contre la tuberculose. À 79 ans, affaiblie par un prurit, elle sollicite une dernière fois l’aide de l’État en précisant avec un sens de l’humour noir certain qu’allait bientôt disparaître de la scène celle qui fut «la plus grande mendiante du canton».
Illustration de Charlotte Olivier von Mayer par Hélène Becquelin tirée du livre «100 femmes qui ont fait Lausanne».
Le Chemin Charlotte-Olivier et le petit et grand refuges Charlotte-Olivier
Le petit et grand refuges Charlotte-Olivier (anciens petit et grand refuges de Sauvabelin) et le chemin qui y mène (anciennement route de la Clochatte 2a et 2b) font partie des lieux que la Municipalité a décidé de nommer ou de renommer pour donner plus de visibilité aux femmes dans l’espace public.
Ces nouveaux noms entreront en vigueur le 1er octobre 2025.
Pour en savoir plus sur le projet: «Plus de place(s) aux femmes en Ville de Lausanne»