Elisa Serment

Le Congrès suisse des intérêts féminins a lieu pour la première fois du 8 au 12 septembre 1896 dans le cadre de l’Exposition nationale suisse à Genève. Les espaces publics s’ouvrent alors aux femmes et des métiers nouveaux émergent dans les bureaux, l’enseignement ou les soins, mais le féminisme en Suisse en est encore à ses balbutiements. Élisa Serment est alors garde-malade diplômée de l’École La Source depuis 4 ans et travaille dans les services de l’enfance de l’Hôpital cantonal de Lausanne.

Galvanisée à la suite de ce premier congrès, elle participe à la fondation de l’Union des femmes de Lausanne (qu’elle présidera de 1903 à 1909) puis de l’Association vaudoise pour le suffrage féminin et la Fédération des Unions de femmes du canton. En 1904, cherchant à élargir l’Union au niveau cantonal, elle exhorte, dans un discours de 9 pages, les Vaudoises à «sortir de leur horizon borné» et à s’engager. Dix ans plus tard, l’Union est constituée de plus de 1000 femmes. Sous son impulsion également, l’association envoie une lettre aux municipalités  vaudoises leur rappelant le droit des femmes à être nommées aux commissions scolaires.

Cofondatrice de l’Alliance nationale des sociétés féminines suisses, elle en est la déléguée lors de la première assemblée du Conseil international des femmes à Berlin en 1904. Embrassant plusieurs causes sociales et féministes, dont la lutte contre la tuberculose, elle envoie en 1912 aux épouses des pasteurs vaudois un argumentaire détaillé au nom de la Ligue vaudoise contre la tuberculose.

Première femme nommée au Conseil de l’Église libre de Lausanne à 60 ans, elle est membre de sa commission sociale et déléguée à plusieurs occasions au synode de cette Église.
Oratrice talentueuse, Élisa Serment propose des conférences sur l’évolution de la place des femmes dans la société au nom de la Fédération des sociétés vaudoises d’éducation et d’instruction populaire. Voix éditoriale marquante, autrice de diverses publications comme l’«Éducation civique et nationale», elle est membre du comité de rédaction du journal «Le mouvement féministe» fondé par Émilie Gourd et rédige des articles dans la «Gazette de Lausanne».